OII
Organisation
Internationale des Intersexué-e-s
OII -
Europe
L’un
des grands mythes de notre culture veut que tous les enfants puissent
être identifié-e-s à la naissance en tant que «
mâle » ou « femelle » (sexe biologique), qu’i-elles
grandissent tous et toutes en faisant preuve d’un comportement
« féminin » ou « masculin » (identité
sexuelle publique », qu’i-elles vivent en tant que «
femme » ou « homme » (rôle social) et qu’i-elles
marient une femme ou un homme (orientation affective hétérosexuelle)
; mais la réalité est toute autre.
La société est de plus en plus consciente de l’existence
de personnes dont l’identité de sexe et de genre diffère
des normes sociales admises. L’émergence de cette réalité
va de pair avec la connaissance des difficultés auxquelles ces
personnes doivent faire face : traumatismes physiques et psychologiques
(suite notamment à des traitements médicaux dans l’enfance),
difficultés dans le milieu familial et social, discrimination
à l’école et pendant les études, sur le lieu
de travail, harcèlement, violence, refus d’accès
à certains services, risque de suicide plus élevé,
de toxicomanie et de pauvreté…
Intersexe
/ intersexuation / intersexualité ?
Les
termes « intersexuation » ou « intersexualité
» renvoient à certaines variations du développement
génital dit « normal » :
• Une personne disposant d’un génotype (chromosomes)
mâle (XY) pourra avoir, à la naissance, des organes
génitaux qui ne sont pas complètement masculinisés.
Très étendues, les variations morphologiques et anatomiques
peuvent aller jusqu’à des organes génitaux qui
ne sont pas du tout masculinisés.
• Une personne disposant d’un génotype femelle (XX)
pourra naître avec des organes génitaux qui ne sont
pas complètement féminisés. Etendues également,
les variations peuvent faire apparaître des organes génitaux
d’apparence masculine.
Ces variations congénitales se retrouvent le plus souvent classifiées
dans le cadre des « malformations » ou «
anomalies » génitales ; des « désordres »
du développement sexuel, des « maladies »
face auxquelles la médecine propose divers traitements regroupés
dans le domaine de la chirurgie et de l’endocrinologie.
La plupart des personnes intersexué-e-s et intergenres ne sont
pas et ne se considèrent pas comme « malades ».
En
d’autres mots, la classification binaire « mâle/femelle »,
« homme/femme » est trop réductrice et les variations
bien plus vastes que l’on ne le pense.
Etre intersexe est une autre possibilité existentielle.
L’intersexe ne concerne pas que le corps, mais aussi la façon
dont nous nous percevons à l’intérieur de ce corps.
Intergenre
?
Certaines
personnes, qu’elles soient de sexe intermédiaire ou pas
ou apparemment pas, ne trouvent pas leur place dans le système
classique binaire « homme/femme ». Elles se situent quelque
part sur le continuum dont à une extrémité se trouvent
les êtres humains féminins et à l’autre, les
êtres humains masculins.
Une personne intersexe peut se déterminer homme ou femme. Un
homme ou une femme peut se sentir quelque part entre les deux, se sentir
l’un et l’autre en même temps ou ne pas trouver de
place ce qui revient à ne pas avoir de genre.
L’identité de genre étant une part cruciale de l’identité
des personnes, il est primordial que chacun-e ait le droit à
l’autodétermination et puisse choisir de se trouver à
l’une ou l’autre extrémité ou quelque part
sur le continuum.
Les
causes
L’étiologie
des diverses conditions rassemblées sous le nom d’intersexualité
varie suivant que l’on s’intéresse à l’une
ou à l’autre. Néanmoins, les causes sous-tendant
les dysfonctionnements du développement uro-génital peuvent
renvoyer à des facteurs :
• Génétiques : par exemple, anormalités
chromosomiques (45 XO -> Syndrome de Turner), (47XXY -> syndrome
de Klinefelter), dysgénésies des gonades (une seule des
deux gonades fonctionne).
• Hormonaux : par exemple production d’hormones
mâles par les glandes surrénales (-> hyperplasie congénitale
des surrénales) ; déficits dans la biosynthèse
des androgènes (-> cryptorchidie, hypospadias) ; déficits
dans l’action des androgènes (-> syndrome d’insensibilité
aux androgènes ; déficit en DHT).
• Environnementaux : par exemple, agents chimiques
contenant des propriétés œstrogéniques ou
anti-androgéniques (voir les expériences animales effectuées
à ce propos).
Une
percée pour l'inclusion des personnes intersexuées et
androgynes
dans
le Recensement National de l'Australie 2006
Le Bureau des Statistiques de l'Australie reconnaît le droit des
personnes intersexuées à s'identifier comme " intersexe
" ou " androgyne " sur le recensement national de 2006.
Chris Somers xxy, activiste australien et international, a persuadé
le Bureau des Statistiques de l'Australie d'accepter que ceux et celles
qui sont biologiquement intersexué-e-s ou androgynes s'identifient
en tant que tels sur le recensement au lieu d'être obligé-e-s
de cocher " homme " ou " femme ". Les formulaires
sont déjà imprimés et le bureau ne veut pas les
faire réimprimer à cause du coût élevé.
Chris a écrit plusieurs fois au Bureau des Statistiques et il
a reçu une réponse de Dave Nauenburg qui lui a écrit
de la part du Directeur général du Bureau. Selon Dave
Nauenburg : "L'ABS n'a pas l'intention de forcer les répondants
à mentir sur leur sexe. Je conseille aux personnes intersexuées
d'écrire "intersex" ou "androgyne" et de
ne pas cocher une des deux cases sur le formulaire."
Chris Somers est le porte-parole des questions intergenres pour l'Organisation
Internationale des Intersexué-e-s, une organisation qui milite
en faveur des droits humains pour les intersexué-e-s. L'organisation
est basée au Québec mais a des membres de plusieurs nationalités.
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C. Hinkle