Interview avec Curtis Hinkle

 

Président de l'OII

Organisation Internationale des Intersexué-es

 

 


M-Y Thomas - Les intersexué-es se constituent-ils en identités comme le font les transsexes queers et ternaires ou non ?


C. Hinkle
- Pour la plupart, non. C'est le grand problème. C'est pour ça que c'est difficile d'avoir une organisation ou un mouvement pour intersexués. La plupart s'identifie dans le binaire et ce qui complique notre activisme encore plus, c'est que la construction de l'intersexuation en syndromes et autres conditions pathologiques fait croire a beaucoup d'entre nous que nous ne sommes pas vraiment "intersexués". C'est très commun de trouver des groupes pour une seule condition et tout le monde dans le groups nie leur état d'intersexuation. Donc, il y a deux grands obstacles, l'intersexuation ne donne aucune idée de l'identité de genre de la personne, nous sommes hommes, femmes et intergenres comme moi et d'autre part il y a une grande partie des intersexué-e-s qui nient leur intersexuation. Le médecins et le système patriarcal profitent de cette situation, puisque nous sommes assez nombreux, beaucoup plus nombreux que les transgenres et transsexes.


Les intersexes non-opérés se constituent-ils en groupe distinct ou non ? Quel mode d'identité adaptent-ils ? Se distinguent-ils des intersexes opérés ?


En Amérique du Nord, ceux qui n'ont pas subi d'opération souvent se sentent mal acceptés par les "policiers" du mouvement (ISNA et Bodies Like Ours). Ils n'ont pas eu beaucoup à dire car toute la place a été prise par ceux et celles qui ont subi des opérations.


En France, les intersexes adutes non-opérés dans leur jeunesse passent par le même psychiatre expert qui "examine" les transsexes, est-ce également le cas au Canada ?


Oui, pour changer son sexe juridique, les intersexués doivent suivre le même parcours que tous les autres qui changent de sexe. Il faut un diagnostic de Dysphorie du genre et d'autres procédures sont nécessaires.


J'ai rencontré plusieurs intersexes au cours de mon travail, dont deux qui se retrouvaient à l'âge adulte dans la situation du transsexualisme. Soit une personne opérée en fille avec une identité-homme et une personne opérée en garçon avec une identité-femme à l'âge adulte, avez-vous rencontrer ce type de cas ?


Souvent et je suis dans cette même catégorie. J'ai une identité "intergenre" mais je me sens plus confortable en tant qu'homme. J'hésite à dire que je suis trans, mais du point de vue juridique, je le suis. J'hésite parce que je suis convaincu que si on ne m'avait pas operé, j'aurai pu fonctionner comme tout autre homme et quand j'ai arrêté les hormones qu'on me forçait à prendre pour avoir une apparence de fille, je devenais naturellement "garcon". A vrai, dire, j'ai l'impression de vivre dans les deux camps - trans et intersexe.

 

 

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