Analyse du texte 2

 

Comparaison/s


Au vu de la conclusion de Castel où sont mis dos-à-dos anathèmes et conceptions, que conclure vraiment ? Que le transsexualisme bouscule/boude nos conceptions anthropologistes. Nous le savions déjà. Qu’il balaie d’un revers de main les vraies valeurs ? Mais lesquelles, au nom de qui ? Qu’il troue le corps, ce moi-peau ? C’est faire d’un concept innovant et intelligible, un outil à géométrie variable. A ce seul titre, cela lui vaudrait un statut/titre pathologique.

Statistiquement, sur dix personnes qui demandent un suivi, une personne le commence. Qui sont ces neuf autres personnes, que deviennent-elles ? De simples transgenres qui se sont trompés de porte ?


L’on compare une analyse macrosociologique et une approche micropsychologique, l’une percutant l’autre. Du moins, en l’état de la société, une partie seulement de la population globale, celle-ci n’étant non seulement plus majoritaire [=objective] ni neutre [=juste et partiale], mais encore, la norme dominante n’existe plus. Ce faisant, ouvre l’espace ainsi inoccupé aux «déviances» d’hier. Les légitimant ? Et cette question-réponse, « mais quel serait notre comportement face au transsexualisme d’un de nos proches, face à l’engagement dans une relation amoureuse avec un transsexuel ou un transgenre ? Le droit et la science n’ont aucune réponse à ces questions », note un juriste. Pas de réponse ? En effet, cela relève des sentiments et de la vie privée. Que fait-on donc lorsqu’on est amoureux/se ? Personne ne pose cette question d’ordinaire, sauf discrimination. Ce modèle, réactivant un mode binaire normal/pathologique, moral/anormal, finit par balayer toute considération morale tout en parlant d’éthique. Rentrer dans le transsexualisme équivaut à une carrière publique où toute vie privée est bannie? Comment rentre-t-on? qui décide? Se rapelle-t-on que nous sommes dans une démocratie culturelle de droit ?

 

Le silence de l'enfant

Question de M. Bonierbale. Question préalable : « L'enfant est du sexe que lui disent ses parents, ce n'est qu'après qu'il comprend ce qui lui a été ainsi signifié... Est-ce là que commence le non ? » Les parents sont partagés entre leur propre désir d’intégration, la peur, honte, culpabilité d’un tel enfant « à problème », la soumission non sue et souvent consentie. L’enfant sait qu’il a déjà perdu cette manche, les parents savent souvent qu’ils n’en auront jamais fini, notamment les mères. Voilà ce qui ressort des réunions entre parents et personnes transsexuelles et transgenres, organisée par les associations et au cours desquelles, les praticiens ne sont jamais venus. Il était pourtant question d’objectivité dans un cadre tel qu’il favorise une résolution. Mais, pas n’importe laquelle. Le bien-être est subjectif et personnel, nous répond-t-on. En effet


Un 'non' sans passé et sans « ancêtres »… Happé au vol dna scette négation, il est aisé de comprendre que le développement de l'enfant s'arrête… Le rôle (du genre social) vient à se substituer à l’enfant. Silence qui va l’enfermer.

Ce non n’est pas un mot, il est la communication qui aurait permis à l’enfant de s’ouvrir, de se développer de devenir… une femme au lieu de…, un homme au lieu de…

 

Ma vie en rose

C’était là le rôle de la psychanalyse d’expliquer aux parents que leur enfant risquait peut-être de ne pas pouvoir devenir… et devenir un impossible autre de la binarité … Un non qui va rester dans la gorge comme le souligne l’enfant de Ma vie en rose, d’A. Berliner et le travesti dans Chouchou. La plupart du temps un silence épouvantable va cristalliser le repli sur un soi absent, désincarné, désubjectivé, dans une césure de la puberté puis à l’adolescence jusqu’au retrait de l’identité, laquelle va ressurgir à l’âge adulte dans la demande violente que l’on constate. La « solution élégante » de Lacan accouche sur/de cette violence, au moins dans ce « cercle historiquement défini de notre culture et de notre société » (Castel). Il n'y a pas d'en-dehors de ce cercle, pas de tiers qui viendrait le recevoir. Le féminisme a accouché du même cercle obtus. La psychiatrie sait qu’on ne revient pas sur ce non-là, qu’il structure plus durement encore les brisures et césures [cette « déviance », qui dévie de la ligne : curieux amalgame] dans une couche devenue peau dans sa stratification de silence plus épais que le langage lui-même et surtout plus opaque que le secret lui-même tapissant ce non fondateur d'une arrêt brutal de son développement. Rien ne reviendra sur ce non. Y compris le traitement médico-chirurgical. C'est la socialisation dans le "nouveau sexe" qui permet un rééquilibre psychique. Voilà ce que nous disons, que la plupart des trans n’acceptent pas (à cause du silence du non lui-même) et que ce pouvoir imbu et vexé n’écoutait déjà plus. Le transsexualisme n'est nullement une découverte récente de l'Occident. Ce pouvoir-savoir s’est trompé ? Peu importe, ça arrive. Mais il poursuit son mensonge et son manège.

Second point, aussi important pour la chronologie de la petite histoire, Stoller s'est trompé, il y a pas un «noyau» fixe ni fixé dans les premières années de la vie. Par contre, il est cette première empreinte d’une subjectivité vivante et saine. Il peut évoluer, se transformer de nouveau et revenir sur un devenir plus typique. Il peut. Il dépend du type de société et de résolution qu’elle apporte en tant que cadre formateur, non en tant que devenir constitutif d'un sujet. Il ne s'agit donc pas d'un sujet individuel libre et transparent, à supposer que cette formulation dans ce contexte ait un quelconque début de sens. Si cet enfant se confirme, le cadre doit lui offrir cette possibilité. Rappelons-nous que ce même cadre opère les intersexuels au même âge. Par contre, ledit noyau va influencer le sujet toute sa vie. Ce non ne fera qu’en cristalliser la césure. Cette césure n’est pas le transsexualisme psychique lui-même, mais la crispation pathologique dans l'isolement. C’est cela que l’on prétend soigner? La psychothérapie enlève un kyste. Reste l’organe lui-même dans un corps.


Psychanalyse et militantisme transgender ne se rencontrent plus nulle part ? Le constat est pire : ils ne se sont jamais rencontrés. Il est renvoyé à une psychiatrie de quartier qui n’a jamais eu aucun projet d’aucune sorte pour eux, et c'est cela qui constitue toujours le conflit à distance, sinon au pillage, porté au titre d’expertise où il suffit de plaquer l’état lamentable de nos échanges sociales et symboliques réduit à une binarité conflictuelle. Rude le raccourci ? Aujourd’hui, un certain nombre de texte émanant de groupes homosexuels et lesbiennes en particulier, de féministes en général, tendent à rejeter les transsexuels, les accusant par exemple, de pousser les transgenres à la transsexualisation. Mais qui donc accepterait de prendre des hormones, de payer pour monter sur une table d’opération ? C’est dire si le militantisme n’a que peu à voir avec le transsexualisme : une existence et non une opération. Là, où précisément et plus que jamais, il fallait des conditions de transparence pour distinguer qui était qui et que faisait-on dans ce cadre commun dans lequel chacun croît ou prétend se débattre contre…

Chaque fois qu’un conflit de nature narcissique, de représentation ou d’intérêts de groupe, apparaît, les mêmes problèmes dans un dialogue pourtant négocié et consenti au départ, reprennent le dessus et sape le travail au quotidien. Chaque groupe tendant peu ou prou à faire valoir ses codes, conduites et comportements à l’intérieur de ce qu’il considère comme son territoire légitime. Mais pas de relation de cause à effet, dénonciatrice dans une outrance cartésienne et donc, illusoire. Car ce même cartésien défend à la fois une vision subjective du moi, de l’identité, de la morale. et s’arqueboute sur une science qui n’a de science que le nom [statistiquement, c’est la phrase la plus pratiquée par tous les camps]. Ainsi, le transsexualisme, une vision extrême de la «marchandisation» & « instrumentalisation du corps » : l’argument a été le même pour toutes les interventions dans le contexte de leur époque et notamment la contraception, l’IVG… Le vol d’organes et le viol font quant à eux moins de bruit et surtout moins d’écho sur le tambour de cette morale étique.

 

Politiques sexuelles : de la relation entre le tissu associatif, les savoirs et la société


Il reste à inventer pour ce groupe son territoire propre mais je doute que celui-là soit souhaitable. Nécessaire oui, mais souhaitable ? La bulle transgenre n’existait pas alors, du moins dans les termes qui sont ceux d’aujourd’hui. Par défaut et omission, face aux stigmates, une socialité "trans" erst rendue nécessaire.


Cette politique du pire ne conduit qu’au pire. En attendant, dans cette extrémisation, il ne peut que se radicaliser dans le futur et prendre une direction de construction de territoire propre qu’il ne devrait pas prendre. Nombre de personnes, faute de groupe constitué, étaient tentées par l’un ou l’autre groupe. Toutefois, ce qui les distinguait était et est toujours, les traitements médico-chirurgicaux, option partagée avec les intersexuels (totalement invisibles en France alors qu’ils sont constitués en groupe aux USA). En bref, un modèle sociologique de toute beauté d'un groupe montant contre un pouvoir constitué historiquement dans une frontalité conflictuelle, souvent hasardeuse, ne résolvant rien du peu de débat en l'état et c'est ce qui est sous-entendu ici et quelles sont donc les solutions ? Quel était donc le débat avant Stonewall, c'est-à-dire entre la société globale, les élites intellectuelles, politiques et les minorités sexuelles ? Pourquoi étaient-elles et sont toujours des minorités sexuelles ? Puisqu’il est tant question de stéréotypes plus virtuels que réels, où sont les identités androgynes dans notre société ? Lorsque le militantisme transgender s'est créé dans le sillage de la lutte contre le sida pour une visibilisation, les rares rencontres organisées l'étaient sous le sceau de la lutte faute de rencontres interpersonnelles que ces mêmes psychanalystes réclament (?) sans jamais se déplacer. Ou, se déplaçant, n’ayant d’autre argument à m’opposer que ce « (…)c’est un acte individualiste. » Confondant ? Non. Ignorant. Niant toute discrimination et stigmatisation ou au contraire, surévaluant celle-ci et la cataloguant de déviance, l’on ne fait que co-produire la chose que l’on prétend éviter en surveillant. Le narcissisme victimaire des anormaux sexuels [un anormal référé à la norme sexuelle dominante où réapparaît le contre-nature] est avéré, ses débordements hédonistes comme manière de se soulager de l'oppression également. Le narcissisme hédoniste du régime hétérosexuel n’intéressant pas la clinique pour cause d’autonomie du désir dans l'espace du symbolisme dominant de la taille du cercle historique. Moins les barbelés. Pour autant, le problème de fond, c'est-à-dire cette idéologie anthropologiste à vocation universaliste, résout-elle ce qu'elle engage ? Certainement pas. Ledit narcissisme ou souffrance solipsiste n'est que l'écume de la problématique dont le formalisme de la psychanalyse est une pièce importante puisqu'elle se constitue comme/dans l'interface individu-société, identité/norme que parcourt la sexualité en particulier et l’identité en général. D’où le fait de l’héritage de ces problématiques qui vont engager la psychiatrie-psychanalyse dans une indexation à une légitimation sociétale. Perdant de vue ce qui était engagé : la résolution ds difficultés dna sle devenir autonome des sujets-acteurs. Sujets transformés en patients et en malades. Le fond, quant à lui, reste obscur (le refoulé) et cela relève de la condition humaine dont le transsexualisme est un cas particulier lesté d'une problématique sociétale ancienne, non exclusive à la modernité (la bisexualité psychique et la nécessité de la transmission réengageant chaque génération). Mais pour cela, il fallait lever le voile des continents noirs et autres freaks.
Il n'y a pas d'option morale qui soit à jamais définitivement vaincue, cela l'histoire nous l'apprend. Il eut été utile et poli de rappeler ici que les raisons de l'émeute de Stonewall par les travestis et transsexuelles, et repris par les gays à leur compte, ne sont pas le fait d'une option d'une convenance personnelle, hédoniste et libertaire, mais de la violence sociale et étatique en direction d'individus, plus visibles que d’autres, conduit effectivement par une phobie de fond et de forme. Le pathétique conflit entre Narcisse et Charon ne finit pas de se trouver des expédients. Avant-hier, les femmes, hier les homos, aujourd’hui les trans. Demain ?

 

Historicité/s


Faire l'histoire du transsexualisme au 20ème siècle, à la charnière de l'histoire des idées, de la médecine, et des mœurs, est donc une tâche encore largement devant nous, tellement les questions préliminaires de méthode semble se radicaliser devant la singularité de l'objet, et la difficulté de savoir de quoi au juste on fait l'histoire (Castel).

En effet : la radicalisation comme outil et tremplin pour faire jouer le seul yoyo qui en vaille la peine : le pouvoir sur autrui pour faire taire cris et phobies entre intérêts divergents et si ça ne suffit pas, concurrences convergentes. La question préliminaire de méthode aurait consister à écouter. Rien de nouveau donc.


On a un peu mal à prendre ici à témoin les/ces travestis pouvant naviguer à vue entre les deux pôles sociosexués de "méthode" (le virilisme et la féminité). Ils sont pas si mal lotis qu’ils en viennent à lorgner du côté de la socialité trans car il permet l’anonymat. Là encore, la « clinique » tranche. Les trans attirent à eux tout l’espace rebaptisé « enquête identitaire narcissique », l’anonymat y est vu comme un nouvel espace social de transgression et tromperie ou comment le déloger dans ses derniers retranchements.


Le transsexualisme est surtout un pousse à l’asexuation et la solitude contre lequel les sujets luttent toute leur vie. On est loin du modèle désignant les trans-en-bas-noirs illustrant un modèle porno et prostitutionnel qui avait servi la cause morale justifiant une littérature hautement performative, porteuse de saines valeurs, et classant/chassant la lie. Désormais ces mêmes trans en bas-noirs vivent de leur belle vie, moyennant toutes les concessions à la socialisation et notamment des féministes puristes chassant l’harnachement patriarcal. Foucault pensait avoir inventé une nouvelle sexualité au XXème siècle, le SM ! Le voici venir… En parlant de nouvelle sexualité, aller voir du côté de Fourrier et d’Eluard, ces «hommes lesbiens» profondément égalitaires. Cet apartheid social des sexes-genres sait de quoi il parle. Vivre à la marge vaut bien vivre anonymes [cachés ?] dans la société de beaucoup de transsexuel-les, travestis et transgenres sans papiers. Mais voilà, c’est juste pour redire qu’on marche sur la tête et que l’époque est à la dépathologisation… Tout un programme.


Au reste, ce qui cautérise finalement cette pathologisation toute sociale n’est autre que le silence et le reflux après la trajectoire dans un anonymat laissant béant la porte ouverte par laquelle vont s’engouffrer tous les discours dont la contenance tient au fait de parler en lieu et place des intéressés. Lorsqu’il /elles parlentça ne regarde plus qu’elles. Une vieille histoire d’une controverse que l’histoire a retenu sous le nom de d’une ville, Valladolid.

Les promesses de guérison qu’adressait la psychiatrie-psychanalyse se sont soldées, non pas par un échec de la psy, mais par l’échec de la voie de garage dans laquelle étaient placés ces sujets faute de mieux. Des sujets rebaptisés patients. Faut-il le rappeler, l’identité n’est pas un vase qu’il suffirait de retourner et remplir d’un autre/quelconque breuvage. Pour autant, ils ne résoudront jamais l’entièreté de leur acte puisqu’il engage leur existence de sujet social marginalisé et frappé de ce changement de sexe. C'est-à-dire de planète… A cet égard, mieux vaut accepter peu ou prou cette marginalité et/ou cette solitude. En face, il n’a jamais été question de thérapie ni de guérison mais de promesse et de sacrifice consenti. Ce qui donne pour le moins une indication de taille sur le ressort de ce sujet.


C’est dire que le sujet est bien cette charnière de savoirs et de connaissances, d’une histoire d’époque épileptique et de relations étranglées entre individus déboussolés [ah le fameux désenchantement, cette invention d’une cécité sans responsable] et non ce sujet qui devrait éclairer le débat. Aujourd’hui, alors que l’adoption du "comportement réservé à l’autre sexe" traverse désormais les orientations affectives et sexuelles, l’on parle toujours « d’inversion de sexe psychologique » pour justifier la pathologisation, tout en niant qu’il y ait un sexe psychologique (ou « mental ») dès lors qu’il est question de ce sujet. Mais alors le genre ? Juste pour dire que la cravate et la jupe qualifie ? Or l'essentiel de la souffrance qui vient cristalliser et renforcer la détermination tient au lien social d’appartenance.

 

De la déviance…


Qu’entend-t-on ici sur la notion de mesure de « troubles mentaux à une autre norme que l'acceptabilité sociale des déviances » (Castel) ? Qu’est-ce qu’une déviance, qui la définit ? Pourquoi et pour qui ? Qui en accepte le poids social et l’éventuelle réparation symbolique permettant le travail de reconstruction? Qui accepte cette différence, indépendamment de la résolution? Assurément pas ceux qui en focalise le conflit et croie dénicher des déviances à l’aune d’une norme absolue qui n’existe plus et est chaudement pleurée… Un peu comme les Russes d'aujourd'hui pleurent l'URSS? Et peut-être également devant nous. Toutefois, on est si loin ici de toute sorte de réponse que seul le néant s’ouvre ici. Le deuil nécessaire, le travail de reconstruction, ces découvertes fondamentales de la psychanalyse, n’ont pas même de nom… Il n’y a que ce non que ces enfants vont refouler au plus profond, dans un espace par ailleurs bien connu et bien repéré par cette vision : « il n’y a que deux sexes ou rien. » Les trans occupent/prennent ce rien et en tiennent toujours le bastion. C’est d’ailleurs la question la plus entendue [et lue], d’où ça vient ? Comment fait-on ? Réponse, on ne fait pas. Justement. Le diagnostic de pathologie, mentale ou sociale, défendu par les auteurs du contre et les praticiens du « oui mais », défend la même chose. Pour ces derniers, la compassion se fait moyennant une entorse sérieuse à leur conception du moi, mais ne cèdent jamais rien. D’où le rôle de la pathologie de ce point de vue et il est loin de n'être que symbolique. Pour l'essentiel, il est émotionnel et le rationalisme n'y peut que ce qu'il veut engager : un avis "en raison" (Castel). Lumineux !


Si la plupart des transsexuels disparaissent dans l’anonymat, c’est autant parce qu’ils sont satisfaits temporairement que de leur épuisement. La suite leur appartient et non à une quelconque mesure. Tous les auteurs qui prétendent que cette suite n’est pas la réussite espérée, ont surtout raison lorsqu’il s’agit des ratés de l’intégration et de l’anonymat. La vulnérabilité va se payer pendant très longtemps. Précisément, selon ce mode de calcul qu’ils prétendent sans relation avec ce sujet. Vouloir soupeser ou mesurer la santé d’un modèle et/ou de la société à l’aune de ce sujet est, au mieux, un non sens puisqu’il est une exception. On peut être passé sur une table d’opération pour conversion sexuelle (ou pour avortement…) et être contre la société marchande des boursicoteurs, économiques et autres. Qu’il faille une « compétence » et une « expertise », sur le modèle de la hiérarchisation, sur ce qui fait l’humanité d’un certain nombre d’individus, préalablement stigmatisés, ne semble pas faire débat ou peu ici dans ce qui était annoncé comme/pour résolution. Au point de soulever ce qui en serait une ultime conséquence, ces « droits de l’hommiste » dont certains se plaisent à faire matière à ironie tout en dissertant sur la « responsabilité ». Pas la leur et encore moins des casseurs de pédés et trans… La levée de la limite à franchir par le féminisme a, au mieux, entrouvert la possibilité de parler. C’est le sens de cette fameuse intrusion à l’ORTF et le cri, l’homosexualité, ce douloureux problème ! Chaque groupe doit ainsi faire intrusion faute de porte ouverte, non seulement devant les phobies et préjugés mais devant les pouvoirs, les silences et les sas de contrôles de la société, sans même parler de la passivité.


L’acceptabilité sociale des déviances ne peut qu’achopper lorsque sont confondus sciemment le transsexualisme et la pédophilie, par exemple (hier cette confusion était soudée à l’homosexualité) à des fins de liquidation pure et simple. Notre société a produit dans ces effets aveugles d’exhaustivité et d’exclusivité ce transsexualisme dans l’appareillage binaire des sexes [biologiques, mentaux, émotionnels, sociaux]. Le dénoncer aujourd’hui n’a de sens que de lui trouver une résolution dans ce cadre qui l’a vu naître.


Castel termine/commence son livre, après une critique de Bourdieu [La domination masculine] : D’où le problème (commun à tant de tentatives d’émancipation qui s'étaient sur le constructivisme) de la limite à tracer entre la critique et l’hyper-critique auto-destructrice. De société sans doute, de la domination masculine plus sûrement. Celle-ci s’est cassée les dents sur le féminisme, non sur le transsexualisme. Ce dernier pourrait être désormais le poil à récurer les peurs et les phobies [pour les consciences, au 30ème siècle ?].

Le sujet est placé intentionnellement entre ces deux pôles soigneusement définit par l'auteur lui-même, le <philosophique> et le <trivial>. D'où ce regard, les trans et les crimes pédophiles en face-à-face.

Ces savoirs ont voulu investir dans le territoire du symbolique, cette zone de l’imaginaire projetant sa lumière, comme son ombre, sur la loi. La conquête des droits, suivant là les quatre étapes de l’auteur suit ce cheminement sinueux, de l’ombre vers la lumière dans une voie où la réussite n’existe pas, simplement une libération intérieure d’ordre affective et sociale.

Débat, il y avait ici dans cet espace virtuel suspendu, mais le lieu véritable de l’agora politique ? L'émancipation gagne désormais ses terrains propres sous le nom de queer, troisième genre [ou sexe] tandis que la vieille domination (sous le nom de société traditionnelle, historique ou universaliste) n'en finit pas se croire assiégée et de dénoncer et agiter des procès.

Assiégée : ce qu'elle est en effet , c'est fois de l'intérieur dans une décolonisation identitaire.

 

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M-Y Thomas
Veille Internet Transsexuel-lE

 

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