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Colloque UEEH

 

Nos identités, nos corps et après ? (21 juillet 2010 )

La modélisation trans, prêt-à-théoriser ou prêt-à-terroriser ?

Deux remarques pour commencer et poser un cadre général avant d’en venir à ma communication sur l’évolution du groupe trans, ce qu’il doit affronter et repenser.

1. Je suis partie de la formule proposée dans l’appel à contribution pour cette cession : Produire de l'identité semble signifier « rendre viable des existences ». La formule place la viabilité d’existence en premier et l’identité en second quand nous avons culturellement l’habitude de placer l’identité en premier afin d’en asseoir la présence comme si la viabilité de l’existence allait de soi.
2. Je me suis demandée ce que signifiait la notion de minorité sexuelle à l’heure du postmodernisme et plus simplement de la démocratie de droit.

L’essentiel des actions politiques et sociologiques des « minorités » répondent à cette question de l’inégalité (des droits, places, présentation…) et de ce contexte socioculturel légitimant la violation de nos existences, d’où mon titre. Le mariage homosexuel, l’homoparentalité, l’obligation des opérations de conversion et le divorce des trans précédemment mariés pour l’obtention des papiers d’identité... Tout cela indique une inégalité de fond entre les genres sociaux, homme et femme, sur l’infériorité du féminin et la pathologisation des identités-tiers. Cela a une conséquence directe, celle d’une fabrique de marginalités, d’errances, d’immaturités, un terreau et un prêt-à-terroriser n’importe qui se trouverait dans cet état de vulnérabilité et d’instabilité organisé. Pour paraphraser Freud sur l’homosexualité affirmant que celle-ci était une sexualité normale mais dont le développement s’est arrêté, je dirais que cet « arrêt » chez l’enfant trans constitue le transsexualisme (au sens de changer de sexe à l’âge adulte dans cette situation d’urgence et de survie psychique).

Puis-je « changer » (quelle que soit ce changer) sans être déstabiliséE, terroriséE par cette situation, et ce changement existe-t-il en dehors de cette situation d’arrêt du développement et de survie psychique ?


J’ai cherché à inverser cette proposition-définition pour comprendre où en étions-nous, pourquoi en sommes-nous là aux Ueeh, dans nos festivals, nos vies ordinaires ou désordinaires, à devoir produire du rééquilibrage en face de ce pillage social, cette tyrannie conceptuelle de nos existences :

Produire de l'identité semble signifier « rendre viable des existences ».
Cela donne : Produire de la pathologie semble signifier « rendre inviable des existences ». (par ex., P. Mercader, sa réponse sur les Problèmes éthiques, P. Mercader ou la puissance analogique)

J’ai donc cherché à établir une chronologie de cette production et vais me tenir à la France, bien installée dans une inégalité fondatrice d’une société-loi du plus fort (et du plus riche) prospérant sur ces vulnérabilités.

Je proposerai une lecture de la transformation du « fait trans » et « groupe trans » à travers trois lignes de décryptage.
- un moment sociodéfinitionnel avec l’émergence du transsexualisme médicochirurgical sur le modèle de la clinique intersexe (1950/…).
- une rupture sociodéfinitionnelle avec l’émergence des liens et socialités LGBT, la conception d’une identité « transgenre » (P. Califia) et des « transidentités » (C. Schneider en France…) ; émergence du premier groupe queer en France (Zoo)
-une conceptualisation socioanthropologique et-ou philosophique par les genders et cultural studies ; les trans studies sont parties intégrantes de ce dispositif de reconceptualisation.

Si le « trouble dans le genre » vient déstabiliser le moment naturaliste et essentialiste de la conception-modélisation binaire, qu’apporte la désorganisation conceptuelle d’une identité non fixe, non ancrée dans un support fixe (corps, administration…) ? Qu’advient-il des notions de sexuation, sexualité, genre, identité de genre ? Que signifie vivre une existence si ces repères sont labiles ? Que penser du clivage majorité/minorité ?

Le moment sociodéfinitionnel

Il correspond globalement à la période 1970/1995 où René Küss écrit le premier protocole psychiatrique en France, où les prises en charge commencent, où la « transsexualité » devient ce « transsexualisme » en tant que concept médical opératoire et rentre dans le DSM et se publie la quasi totalité de la littérature psy sur les trans.
Pour l’essentiel, il s’agit, comme pour l’homosexualité, d’une invention d’une figure, le « transsexualisme », qui l’ancre dans le geste du « changement de sexe » qui paraît être, en première lecture, une réponse faite à une demande des intéresséEs.
Ce dispositif de contrôle commence avec la fabrication sociale d’un sujet marginal (que je vais appeler une exception sociologique) pour produire cette seconde étape, plus vaste : une exception anthropologique dans l’encadrement structuraliste du sujet (faisant de lui un non-sujet ou si l’on préfère une pathologie) et une singularité proprement « psy » des identités culturellement inattendues dans la société Occident que ce discours va tenter de ramener à une seule singularité : les transsexuels « vrais » caractérisés par le changement de sexe.

Je fais faire un détour préalable pour montrer comment cela se fabrique, avec quels matériaux et quel cadre d’appui valant pour cadre référence. Tout le monde –ou presque- a entendu parler d’une rencontre entre Lacan et un « patient » nommé Michel H. Rencontre organisée par une équipe de médecins et soigneusement notée et reproduite par l’Association freudienne et publié en 1996 (http://natamauve.free.fr/lacan.html). Le fait même que l’association freudienne a désiré publié ce monologue indique qu’il tient lieu de cadre de formation, d’une mémoire sur ce qu’il faut faire, dire, se comporter, etc..
La rencontre se déroule dans une chambre d’hôpital sous la forme d’une visite des médecins. Devant le désarroi du patient (quelqu’un a noté, « il tremble »), Lacan cherche à le rassurer en surjouant la confiance/Savoir, et lui dit : « C’est tous des médecins, vous savez, ici », termine par « Vous faire opérer, c’est quoi ? C’est essentiellement vous faire couper la queue » et « Pauvre vieux, au revoir. »
Ce que Lacan dit là, c’est le contre-transfert de la société binaire masculine, d’où le fait que ce sont les femmes trans qui apparaissent d’abord. Le paradoxe trans commence là :

1/ obtenir un tel accès dans la société masculine pour ce « devenir-femme » ;
2/ renoncer à cet accès en devenant un non-homme (c’est-à-dire une femme ou femme-trans ou travesti…).

Trans à ce moment, ce n’est pas changer de sexe, devenir une femme ou un devenir-femme, mais non-homme, castrat. Trans est entendu dans cette cascade d’infériorisations et de déchéances en-dessous du statut de « travesti ». Lacan essaie de le ramener à un travestissement fétichiste alors qu’il sait déjà, ayant lu Robert Stoller, que « cela date de la prime enfance ». A savoir avant l’âge de deux ans, avant la représentation consciente de soi selon la coïncidence sociale sexe-genre et bien avant le complexe d’Œdipe. Ce n’est pas (déjà) de l’identité, cette chose descriptive après coup, c’est du développement : du devenir en train de se faire/se structurer et laissant une empreinte cognitive indélébile que Stoller va appeler « noyau de l’identité de genre ». Lacan est déjà face au dilemme entre répondre positivement mais défaire les représentations dans cette idée d’une origine et/ou une « nature de l’identité sexuelle » et tenter de faire accepter un transvestisme honorable mais se heurte à cette pré-transphobie envers les « travestiEs ». A quelle place vais-je l’assigner pour poser/faire un « diagnostic » et que celui-ci fasse modèle/protocole pour le futur ? A quel espace appartient ce diagnostic ? La réponse : du « médico-légal » légitimant cette place entre deux violences culturellement acceptées dans une démocratie de droit. La médicalisation est donc une réponse rationnelle pour limiter/juguler tous les changements et notamment et surtout les changements de genre car ils sont les plus nombreux, d’où ce découpage de vrais/faux, trans/homo dès le départ.
J’ai vécu la même chose dans un hôpital mais c’était avec l’endocrinologue de l’équipe de l’hôpital F. Widal à Paris. Le glossaire utilisé est déjà nettement marqué par le terme de transsexualisme alors que dans la rencontre avec Lacan, c’est le terme de travesti. Le psychiatre m’envoie chez l’endocrinologue pour savoir depuis combien de temps je prends des hormones en cachette. Le cadre est : vous ne pouvez pas avoir un tel corps, un tel visage, un tel comportement si vous ne prenez pas déjà ce traitement. Pour lui, je dois l’arrêter pour qu’il puisse faire un diagnostic. La définition donnée du transsexualisme les empêche de voir un corps-comportement « androgyne » qui ne relève pas d’une intersexuation et ne s’organise pas sur une modélisation binaire mais inclut déjà du tiers, du mouvement, du comportement stable. Pendant la semaine où je suis dans cet hôpital, il y a un jeune intersexe qui veut confirmer un devenir-homme. Il a le même corps que moi, androgyne donc, et nous, on s’en étonne et on l’analyse. Ce corps intersexe doit produire naturellement des « hormones masculines » et donc de « l’homme », mais que produit ce/un « corps androgyne » ? D’un côté, un corps (naturellement intersexe) qui fait socle avec la nouvelle rationalisation/représentation culturelle via les chromosomes, de l’autre un corps qui s’en éloigne pour se rapprocher du paradoxe freudien sur la genèse de l’homosexualité : quelque chose de normal mais d’arrêté… Un superbe oxymoron théorique. Pour le contourner, ils fabriquent des exceptions (des marginalités et minorités) pour valider l’idée d’une pathologie car il ne peut y avoir une telle contradiction dans le cadre d’une causalité rationnelle.

René Küss l’étaye ainsi : « Sentiment profond et inébranlable d’appartenir au sexe opposé, malgré une conformation sans ambiguïté en rapport avec le sexe chromosomique et besoin intense et constant de changer de sexe et d’état civil ». La différence des sexes créé mécaniquement cet effet “sexe opposé” qui structure binairement le sujet transsexe (et lui seul), d’où ce transfert de discours de l’inversion vers lui. La notion de « sexe opposé » organise et structure la question trans (réduit au seul transsexualisme) à partir d’une modélisation, non pas naturelle et générique, mais hiérarchique et rationalisée. D’où le fait que la modélisation trans reproduit dans un premier temps le modèle binaire. Le cadre de cette définition, c’est la représentation stable, organisée et structurelle de l’opposition binaire et non du transsexualisme puisque celui-ci est/relève du développement (même s’il a été arrêté). Küss parle tout de suite de "vrais" et de "faux trans" et il retombe dans la sélection morale et la violence sociale. Sa définition elle est le creux inverse, exactement proportionnel à la croyance en un monde binaire, soit sous la forme d’une naturalité, d’une essence prédéterminée ou d’une structure élémentaire de l’identité. D’où ma formulation de moment sociodéfinitionnel. La hiérarchie inégalitaire ne pouvait que produire un discours de clivages et d’oppositions transformant un étrange en étranger, un différent en déviant. Le cadre de pensée est une rationalité au service de l’instance de contrôle de la société moderne : la santé psychique des individus. Si homme ou femme est le gage d’une bonne santé psychique et sociale, trans implique mauvaise santé.
Je résume ce moment : la modélisation de la « différence des sexes » en tant qu’instance de représentation d’une nature de l’humain a produit son négatif : une modélisation d’une « confusion des sexes » dont l’ancêtre conceptuel est l’inversion (homosexuelle et transvestie).

La rupture sociodéfinitionnelle
La rupture sociodéfinitionnelle intervient précisément lorsque nous analysons les rapports de pouvoir et de domination formant le cadre invisible de ces définitions modélisatrices. Ce faisant, nous analysons la définition et donc le cadre global des « identités ». Qui analyse quoi, quel est ce « diagnostic différentiel » et le « diagnostic trans » ? Que trouve-t-on lors de ce diagnostic trans, une fois le diagnostic différentiel effectué et invalidé ? Eh bien, ce désir subjectif passant par un changement (quel qu’il soit, trans, Butch, cyborg, variant, intersexe… ou plus simplement pour les cisgenres se refaisant les seins ou la bite). Nous ne sommes pas malades, juste des « trans » dans une société-système binaire où « trans » n’existe pas et où le « changement » est culturellement assigné (et non analysé) à de l’inversion, confusion, pathologie… Ce n’est pas de l’analyse, c’est de l’assignation. On assigne à « trans », « homo »… comme on assigne à « femme » ou « homme ». La rupture conceptuelle consiste à réintroduire le changement (quel qu’il soit) comme modalité du développement et devenir. On redevient cette exception culturellement inattendue mais universelle, pour inventorier et chercher par nous-mêmes ce qu’il nous arrive, pourquoi cela arrive et si cela se peut, comment cela arrive et notre premier geste est typiquement d’écrire notre glossaire, de regarder du côté des formes d’identités et ou expressions diverses mais surtout de prendre ses distances.
Toutefois et cela a une conséquence que Lacan cherche à gommer personnellement et invalider conceptuellement, nous produisons du « trouble trans » dans l’espace-croyance binaire. Précisément dans cet espace culturel qu’il appelle « confusion des sexes », qu’il définit comme étant le lieu des peurs, fantasmes, indétermination, inversion... dans un espace qu’ils vont appeler « horsexe ». Dans la société masculine, des hommes-qui-deviennent-des-femmes, c’est insupportable. Se faire couper la queue, dit haut et fort ce que la langue psychanalytique ne vomira plus assez fort pour imposer sa phobie et son point de vue du sujet humain et de la société. D’où ce recours à la psychiatrie légale qui transfère le prêt-à-théoriser du sujet homo au sujet trans. Il n’est pas (ou plus) violent, il est légal et médical, bref cette mouture rationnelle de la société moderne en démocratie.

La définition trans, notre définition, surgit non de la société historique et universelle des hommes et des femmes où trans n’existe pas mais de cet espace minoritaire, ce zoo des déviants et cette « queer zone », observant les observateurs venus se rassurer/normaliser au contact de l’étonnant, de l’étrange. Récemment, en répondant au déluge de claques que les trans ont adressé à P-H. Castel pour son livre-forteresse, il répond que tout cela n’est qu’une « machine de guerre antipsychanalytique » écrit par des « demi-savants ». C’est la réponse que toutes les instances dominantes ont faite à toutes les résistances minoritaires : on a là le conflit, la guerre des idées se substituant à la guerre des sexes et le principe de production/rétention de l’information. Procédons au renversement de sa formule. Il dit explicitement que ce psychanalysme est une machine de guerre faite aux minoritaires sous le parasol instituant de l’Etat. Que nous dit Roselyne Bachelot dans son message politicosymbolique d’une « dépsychiatrisation » ? Elle va « dépsychiatriser » ce qui n’a jamais relevé de la psychiatrie mais sous et par cette croyance binaire ? Si ce n’est plus psychiatrique, comment contrôler, imposer, définir qui est trans ou non ? C’est l’information elle-même qui est invalidée. Même les trans dans leur majorité sont pour ce contrôle, c’est-à-dire pour le maintien de cette information-définition sociale.

La conceptualisation socioanthropologique
On a donc :
- une situation de monopole de la “psy” pour/à partir de la prise en charge, ce qui créé un “effet ancêtre” (en bref, on les premiers) et de monopole ;
- c’est très récent que les disciplines sociales viennent à leur tour perturber le monopole “psy” qui dure depuis la prise en charge et la théorisation qui vient l’étayer/légitimer et celle-ci s’étaye sur la révolution conceptuelle des genders et culturals studies ;
- il aura fallu quand même plus de 20 ans en France de militance, d’association, d’activisme, pour que les disciplines sociales se bougent.

Je vais résumer : l’autre est devenu un « malade » sous cette plume définitionnelle et « le malade » en vient à produire quelque chose de totalement inattendu ; des « identités trans ». Trans, c’est être ce tiers médiateur et producteur d’une viabilité sociologique. A force de vivre dans l’exception, on a fini par s’installer sur la frontière, à faire de l’exception culturelle. Bref, des minorités qui comptent. Produire des identités trans, c’est produire de l’espace flou, alternatif, des informations et surtout des médiations socioculturelles qui débordent la pyramide des « trajets trans » autorisés et constitue des repères culturels pour ces identités non-binaires. A la place d’une trajectoire binaire, FtM ou MtF nous plaçant dans l’ordre symbolique de la « différence des sexes », nous socialisons des médiations et espaces culturels. En plus des trajectoires trans binaires, on a des identités-parcours labiles, des identités MtU/FtU, intergenre et même des « doubles parcours ». C’est le parcours, le mouvement, la labilité, la friabilité qui fait/fabrique de « l’identité », c’est-à-dire de l’agrégat, et non plus une identité préalable, générique, une identité-moule rassurante. Bref, on replace de la subjectivité, c’est-à-dire de l’imprévisibilité, de l’erreur, de la contestation à partir de ce qui a failli mettre en péril notre existence elle-même.

C’est cela pour moi l’après. Si je me définis trans subjectivement et objectivement, c’est en rapport à ce que j’ai produit en résistance, en réflexion et en information-médiation. On ne cesse de me dire que l’identité vécue l’est à partir du substrat corporel, de me dire que je serai toujours XY ; bref, on a cessé de me dire que je suis un/une trans. Eh bien, je réponds « je suis trans ». Femme XY, c’est une information, un espace entre science et philosophie culturellement contradictoire et réfutable. Plus encore, Trans, c’est si justement de la « métamorphose ». Un auteur va interroger cette notion, Frantz Kafka. Il imagine une transformation selon les termes de la société d’alors, de ses rapports avec ce père tout-puissant (en passant ce rôle que joue Lacan) ; une transformation monstrueuse d’un homme en insecte, c’est-à-dire de l’humain à l’inhumain. Kafka nous met en demeure de lire sa métamorphose à l’envers, c’est-à-dire de l’insecte à l’humain, de l’innommable au nommable, ce corps qui porte un nom via sa reconnaissance dans le groupe.
Les trans studies sont intégrantes de ce dispositif de reconceptualisation débordant le fait trans comme fait structurellement endémique à l’Occident technique à cette interrogation et production sur le fait de changer de multiples façons (de sexe, de genre, d’identité…) et d’abord et surtout de ces situations de survie psychique et sociale entre transsexes et transgenres. Aujourd’hui entre trans et toutes ces identités-tiers qui n’ont pas encore reçues de définitions nettes, qui les placent dans un « entre deux » sans existence que l’on affirme incertain et indéterminé, dans cette méta-morphose face à une méta-physique.
Les glossaires en cours de socialisations-écritures de cet « entre deux » sont caractérisés par une redistribution des médiations pour une déconstruction/reconstruction de cette coïncidence sexe-genre subjective, imaginaire, mais également une réflexion sur le corps stable/instable, compact/traversé, unitaire/composé. Se dire trans, intersexe, pédé, goin, butch, femme XY ou intergenre XXY ne font pas que déstabiliser la hiérarchie et la typologie de l’espace binaire et dénoncer de la phobie, il dit/construit de l’environnement. D’où le fait que les transidentités constitue à la fois l’épine dorsale de la contestation du binaire et la cible du monde binaire.

Nous avons donc la réponse à la question, qu’est-ce qu’un diagnostic, à quoi sert-il ? A maintenir les individus transformés de marginaux en déviants hors du périmètre autodéfini comme étant du registre symbolique de « normal ». C’est cela, ce transsexualisme : la transformation/transsexualisation d’une marginalité instable, et potentiellement productrice de contestations en une affection endémique. On fait passer quelques individus pour ne rien faire du coté de la société. Normal n’est pas un état de santé mentale, psychique ou social, c’est de l’information codée de telle manière qu’elle produise un ordre symbolique (par exemple bleu ou rose définissant le « qui/comment êtes-vous »). Le « diagnostic » est une technologie de contrôle de la circulation sur ces émigrées du sexe et du genre qui frappent à la porte du monde binaire en croyant s’insérer dans leur société « d’origine ».

Le plus dérangeant, ce n’est pas tant que les trans contestent l’ordre symbolique (quand ils le font… il y aura toujours des femmes féminines et des hommes masculins), c’est qu’ils l’analysent comme étant un ordre du plus fort. Ce n’est pas de la science, même pas de la psychanalyse, c’est de la violence au service du plus fort, du plus payant. A ce stade, il ne le conteste même plus, il l’infirme. Ce discours du « fondement » indique que l’on est en terrain théologique et non scientifique et social. Il repose sur un ordre imaginaire et inégalitaire statufié par l’Histoire, d’où cette violence légale de fond instaurée, instituée en « société » et cette peur d’une remise en cause par la diversité des subjectivités, cette multitude indéterminée du point de vue d’une théorie de la santé psychique. Nous ne sommes pas affectéEs de quelque chose dans notre corps, mais infectéEs de cette croyance en une normalité générique, d’un état élémentaire de l’identité stable, rationalisable. Ce que ce contrôle ne trouve pas chez nous en nous diagnostiquant ou juste ce transsexualisme qu’ils disaient avoir « découvert », c’est cette cage des inégalités culturelles. Mais si trans est une identité-socialité, c’est-à-dire quelqu’un dans la rue, on ne peut plus l’inférioriser et donc le « diagnostiquer ».

Le mode-système binaire ne peut plus produire une définition stable de ce que « trans » est. Il est pluriel, contradictoire, non fixé et non-fixiste. S’il y a une « identité », c’est-à-dire rendre viable des existences (et vous constatez que dans cette formulation, il n’y pas d’information sur vous), c’est une trajectoire de vie. « Trans » ne signifie plus « changer de sexe » mais renoue avec tout ce qui est imprévisible dans le devenir. Bref, produire de « l’identité », c’est produire de l’environnement culturel pour des devenirs, condition à de la viabilité, du désir d’être. Trans fonctionne alors comme une médiation culturelle, des identités-devenirs possibles comme les changements de genre, très nombreux dans la société qui peuvent exister, se déplacer autrement qu’en franchissant la frontière opaque de la théorie sur le « changement de sexe » ou sur la théorie de la « confusiondessexes ».

 

Appel à communication des UEEh2010

http://www.ueeh.net/temp/post/2010/03/01/Appel-à-contribution-colloque-%3A-Des-corps%2C-des-identités...-et-après

 

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