Du
cadre des savoirs
P.
Mercader ou la puissance analogique
Article
d’une auteure psychologue, ayant écrit un grand nombre
d'article, et un livre L'illusion transsexuelle.
Changer
de sexe, d'identité ? P. Mercader - Dossier, Femmes hommes Quelles
identités, Le journal des psychologues - avril 1994, n°116
Pour
l'anecdote et un cadre a minima. La première association trans,
l'ASB (Association du Syndrome de Benjamin) venait d'être co-créée
par Tom Reucher, psychologue clinicien.
Je centrerai cet article essentiellement sur un point comparatif entre
la réponse occidentale sur les intersexes et les transsexes et
un passage de l'article.
Après une première page où l'auteur parle de Money
et des opérations d'assignation sur les enfants intersexes, assignation
qu'elle ne remet pas en cause, elle postule, à propos du transsexualisme
qu'il s'agit là d'une "dérive conceptuelle".
Alors que pour nous (transsexes et intersexes), la première dérive
conceptuelle réside précisément dans l'assignation
chirurgicale de l'intersexuation. De fait, l'auteur indique que, même
sans sexe clairement identifié mâle ou femelle, les intersexes
ont une identité homme ou femme clairement établie. Elle
fait reposer cependant cette clarté sur une croyance (et non
un savoir, ce qui est juste) reposant sur le fait que tout vient confirmer
celle-ci. Cette croyance repose sur l'éducation parentale et
l'adhésion aux normes de genre de la société. Celles
des transsexuels est bien entendu conforme à cette croyance ordinaire
mais, précise l’auteure, celle-ci est « hérétique
»… L'enfant est oublié, si ce n'est dans cette remarque
très pertinente :
Le petit garçon témoigne
d'une étonnante capacité à apprendre les comportements
féminins ; il semble inventer la féminité.
Cette
remarque tombe à plat car non analysée dans son contexte
et reporté dans le cadre de la théorie de Stoller sur
le transsexualisme primaire (Stoller est freudien) dans le cadre d'une
relation fusionnelle entre la mère et le petit garçon.
Ce modèle explicatif a été invalidé car
il ne correspondait qu'aux cas (très rares) de l'époque
où ces enfants étaient les seuls visibles et leur comportement
tranchait très nettement sur les comportements très tranchés
entre masculin et féminin de l'époque, les années
50-60. On a ici le cas typique d’un sujet très nouveau
(pour l’époque) déporté sur un modèle
de théorie qui s’avère inadéquate dans le
temps. L’auteure n’en a cure et ne cesse de postuler une
« pensée freudienne ». La théorie est plus
importante.
En
venant plus directement aux transsexes dans une analogie comparative,
on se trouve avec deux sous-groupes, les intersexes dont la réponse
est une assignation légitime due à une erreur de la nature
et de l'autre, les transsexes dont la réponse est donc cette
dérive conceptuelle, ce qui conduit, selon ses mots à
une "impasse". Mercader a une idée très précise
pour régler une telle impasse dans ce qui pose des Problèmes
éthiques :
On
peut s’interroger sur le « droit de changer de sexe »,
comme manière de disposer de son corps, dans une perspective
« libérale », en somme. Et à ce moment,
une association m’était venue : si l’on peut parler
de droit dans ce domaine, ce ne pourrait être que dans la mesure
où l’on peut aussi parler de droit au suicide : on ne
peut pas toujours l’empêcher, mais il vaut mieux ne pas
en arriver là.
De l'analyse à la puissance d'association, le pas était
donc trop tentant. Merceder dans son emportement réalisait un
fantasme de beaucoup d'auteurs dissertant à distance de son divan.
En
effet, il vaut mieux ne pas en arriver là ; en effet, on ne peut
pas empêcher des gens de se suicider ; en effet, on ne peut pas
empêcher des gens d’assassiner des trans au nom qu’ils
sont des « pervers » ou des trans ; en effet, on ne peut
pas empêcher une telle dérive en acculant au suicide des
personnes fragilisées.
Le
groupe transexe a, outre ces problèmes éthiques d'intégration
sociale, d'acceptation culturelle, des problèmes bien ciblés
aujourd'hui et auquel nous donnons le nom de transphobie : celui de
la désignation à l'opprobre publique et plus particulièrement
ici, au droit très "libéral en somme" de brutalser,
voire d'assassiner des personnes transsexuelles.
L’ASB
avait demandé un droit de réponse finalement accordé…
Aujourd'hui,
l'auteure refuse toute intervention lorsque un transsexuel [ou une]
est présent.
En
2001, le GAT (Groupe Action Transsexuel) a zappé une conférence
de Mercader à la Cité de la Villette, rompant brutalement
avec un comportement victimisant et compassionnel, basé sur la
souffrance et l’isolement, qui a longtemps été le
cadre de la demande transsexe.
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