Edito
Le professeur Colette Chiland se fend d'un nouveau texte sous la forme d'un edito dans une revue. Banal, me diriez-vous. En effet, banal. Mais cette fois, l'on pleure et trépigne en hurlant au scandale. Les transsexes se révoltent et cassent les Savoirs occidentaux, cette nouvelle merveille du monde hideusement déformée et huée par une bande de malades mentaux.
Hausse à la bourse du Marché des conflits sexoethniques
Maud-Yeuse Thomas
** L'ensemble des groupes et associations ont tenu une Assemblée Générale en septembre 2004, prélude démocratique à des propositions faites à l'ANAES afin de réexaminer le sujet du transsexualisme. L'examen devait permettre une résolution collective afin de créer des conditions positives. Une seconde édition devrait voir le jour. Aucune réponse n'ayant été apportée à ce jour, sans cesse reportée. Le 6e congrès international de l'HBIGDA s'est tenu à Bologne en 2005 afin de présenter une version des Standards of care destinés aux différents suivis et aux différentes résolutions relatives à l'identité de genre et une intégration dans la société d'aujourd'hui. Un seul psychiatre français était présent. Aucun chirurgien ne s'est déplacé. Il y a avait pourtant de quoi. Les ratés de la chirurgie française sont expédiés à l'étranger pour certains afin de réparer les dégâts. N'importe quel chirurgien dans sa discipline doit se former en permanence. Ce n'est pas le cas ici au nom d'une morale culpabilisante prétendant dénoncer une "boucherie", véritable veine sous le prétexte de la psychiatrisation. Nos efforts pour dialoguer avec les autorités restent vaines depuis plus de quinze ans. L'isolationnisme psychiatrique reste l'outil d'abus sans responsable ni responsabilité. Malgré le constat des discriminations, meurtres et suicides des personnes transsexes. Un nombre conséquent de personnes se font opérer à l'étranger en raison de la longueur des suivis, la faiblesse ou l'absence de réponse, la faible qualité des opérations, le tri sélectif sans que nous sachions qui est accepté ou non et pourquoi, la peur d'être loupé-e sur la CRS (chirurgie de conversion), le découplage entre suivi médical et changement de papiers justifiant de nouveaux examens demandés par la justice française ne reconnaissant pas le premier suivi pourtant effectué dans une équipe dite médicale en hôpital.
En France, l'on continue à écrire articles, thèses, mémoires, essais sur les "échecs", "égarements", "expériences de docteurs Frankeinstein" promptement dénoncés. Aucune étude n'a pu être mené en France sur les personnes ayant effectué leur opération à l'étranger. Elles sont totalement invisibles et parfaitement intégrées dans la société. Ces études auraient permis de faire le point pour l'avenir. En raison même des conditions, voire d'une peur légitime de voir leur existence passée dénoncée, aucune enquête sérieuse et approfondie n'est possible. Y compris par les psys et sociologues trans. Leur opération est une réussite, permettant de recouvrer un réel épanouissement. Pour d'autres, la fragilisation a définitivement ébréché leur présence au monde et donc leur identité, voire a été insupportable et ont mis fin à leurs jours. Pour d'autres encore, la CRS n'est pas nécessaire en raison même de cet épanouissement et non pour raison de "libéralisme sexuel". Cette explication veule n'est pas seulement malsaine et injuste, elle est profondément amorale. Cette immoralité n'est pourtant quasiment jamais dénoncée en ces termes car elle s'attaquerait au naturalisme et essentialisme franco-français. Bref, on s'attaque ici à la croyance la plus mal partagée : la naturalité des genres sociaux. Ce régime repose toujours sur l'inéquivalence, l'inégalité et l'asymétrie des genres sociaux. Par ailleurs, de l'effacement intégral par l'universalisme franco-français des sociétés et socialités ternaires partout dans le monde et à toutes les époques. Dans l'ensemble, ce traitement est une réussite. Et pourtant, l'on continue à justifier attentes, évictions, dénis sur quelques cas ne répondant pas en effet au transsexualisme binaire et demandant un suivi distinct qui réclame des compétences réelles afin de fournir une aide réelle et non de faire patienter des années durant avant d'avouer un échec dû uniquement au "patient".
L'identité de genre est le vécu intérieur tel qu'il nous permet de vous définir (individuellement et socialement), et se développer. Il concerne le socle de notre existence et, en Occident, est couplé à l'identité sexuée et sexuelle dans un régime binaire. Partout dans le monde existent de telles identités. Elles sont intégrées dans un régime ternaire ou multiple. Aujourd'hui, la résistance âpre à ces changements sous la forme de théories et de suivis pour des modèles dépassés, induisant souterrainement le transsexualisme au sens chirurgical comme l'est l'intersexualité, a pour effet de coproduire de nouvelles identités dites queers ou ternaires.
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(anglais-français) |
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