Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade
à Ramji, chamane
Petite intro/diction à l'objet T* __ l'objet de l'Occident conquérant
médecine et philosophie occidentales _________
l'objet de l'Occident conquérant
Une auteure, Christine Le Diraison, écrit sur les Kathoeys (ou Katoys), garçon-fille de la société thaïlandaise qu'elle confond avec les transsexuel-les dans son guide sur la Thaïlande (guide Bleu Evasion de chez Hachette tourisme - p.42).
Les kathoeys ne sont ni travestis ni des transexes au sens de la culture binaire occidentale ; ils sont intégrés dans une société et socialité ternaires (de trois genres sociaux - mon article Sociétés-socialités ternaires) dans une société plus complexe et plus riche que la nôtre ; et surtout plus tolérante que l'Occident qui ne connaît d'autre culture qu'elle-même et considère les autres cultures comme des lieux exotiques pour l'industrie touristique. La reconnaisance à part entière des personnes trans (trangenre et transsexuelles) pourrait bien venir justement de la Thaïlande via le canal d'une véritable compréhension de l'ordre du culturel, et non d'une tolérance marchandée. Les commentaires qui sont faits ici, notamment sur la confusion homosexualité et transsexualisme (relégué au terme d'avatar, sur les "mères qui ne reconnaitraient pas leurs fils" relèvent d'un mépris tel que l'on doute que l'auteure ait jamais mis les pieds dans ce pays et encore moins se renseigner sur une enquête sérieuse sur ce pays et son organisation ethnologique et psychosociologique. L'auteure parle d'une reconnaissance d'une "plus grande tolérance" qu'elle ne connaît pas et dont elle n'a manifestement pas la moindre idée puisqu'elle ne s'est pas penchée sur son sujet. D'emblée, chaque point peut être analysé tant le fouillis cumulant mépris, ignorance et aveuglement à prétention morale s'ajoutent sans qu'il n'y ait un début de regard sur cette société. Un guide n'a pas, me dira-t-on pour prétention d'analyser une société. En effet. Et ces commentaires en ressortent d'autant plus au moment où l'Occident ne cesse de parler d'éthique et de dignité, de citoyenneté et de responsabilité dans une démocratie moderne. ***
médecine et philosophie occidentales
Une petite introduction sur l'auteur (P-H.Castel) avant de commencer sur un commentaire. Parler en clinicien d’un personnage vivant pose au psychanalyste des problèmes bien particuliers. Parler en clinicien donnerait-il, comme du temps du vieux "universalisme scientifique", un gage tel qu'il est totalement indiscuté ? Et parler en trans (sexuelle) ? Quel effet, cela fait donc ? L'effet d'y être plongé jusqu'au coup et de s'y connaître mieux que quiconque parce que… gnagnagana ? Je constate qu'il est cet outil du pathos occidental parmi tant d'autres dans cette folie des positions que l'Occident a transformé en un outil statistique et méthodologique de gestion des corps et des existences dans un déni total de la vie humaine en général et de la personne en particulier.
Revue Esprit, http://www.esprit.presse.fr/actualite)
Je sais donc que je fais le mal et cela est un problème moral. Par exemple, pour ma famille qui doit m'accepter ou me refuser. Reste qui va trancher, pourquoi trancher, sur quels critères ? Unanimement, l’écho répond, la cohésion/cohérence, l’évidence du vivre-en-commun… auquel je n’ai pas accès. Moi (en tant que groupe, représentations, individus…) après d’autres groupes minorés/marginalisés/médicalisés.
Ayant posé un raisonnement pervers tel un dogme entendu, l'on peut affirmer que l'on est désormais "coincé". Un juriste ira jusqu'à parler de sa "solitude de chercheur face au problème irrésolu du transsexualisme". Solitude qui ne l'empêche pas d'avoir une vie professionelle et citoyenne : l'auteur publie, donne des conférences, passe à télévision, fait de la radio; acessoirement, a une vie privée. Entre Platon et Dutroux, il y a désormais le transsexualisme comme filtre et prisme déformant d'une histoire du sujet encadré ici entre philosophie et médecine. Le problème de la "perversité", déshabillé par le combat d'une vision morale contre la société libérale (définie par le désir) et rhabillé par le problème du bien et du malqui entend redéfinir l'éthique et la déontologie d'un espace à définir par l'expertise contre les "docteurs Frankeinstein". Bienvenue donc aux nouveaux barbares. La distinction entre morale et moralité n'est pas faite ici. Pas plus que le lien entre forme de l'identité individuelle et forme de l'identité collective. On connait la réponse freudienne classique qui postule un nécessaire inconscient collectif, homogène et stable mais toujours menacé, toujours à reconstruire. Cette vision reposait sur la société de Freud et plus exactement sa couche sociale d'origine ainsi qu'une vision universaliste, hétérocentrée et blanche qui gouvernait la société d'alors. Y cormpris dans ses ambitions d'impérialisme. Or, partout où cet universalisme européen découvrait des socialités ternaires, elle analysait une forme "archaïque" de "société efféminée". Et de même, l'histoire de ces sociétés ternaires, incluant les identités trans. La morale et l'éthique se confondent. La moralité (d'une personne, d'une époque, d'une pensée…) est référée à un ensemble normatif d'us, coutumes, d'habitudes enchâssés. Je fais telle ou telle chose dans la ligne d'une assimilation/intégration me permettant d'agir sans devoir y réfléchir et remettre en cause en permanence ce que je fais et pourquoi je le fais. La moralité n'est pas référée au bien et au mal, comme la morale, mais aux us. Elle dépend des formes admises et acceptées par tous. On ne peut pas, en effet, se contenter de désigner l'autre comme un pervers au sens où il fait du mal consciemment et inconsciemment. Cette manière revient à dire, vous savez ce que vous faites, vous faîtes du mal autour de vous, vous êtes responsable. Ou, vous ne savez pas, nous le savons pour vous. On gagne à tous les coups ici, rejettant toute forme de regard et de réflexion sur soi et l'impact du transsexualisme sur soi, sa famille, son entourage en ce qu'il affecte la socialité et donc la socialisation. La personne trans sait qu'elle va faire du mal à sa famille (à l'amour, la confiance, les habitudes, à l'orgueil…) mais son devenir en dépend. C'est une question de développement et d'épanouissement, non de perversion. On touche ici à un des fondements de l'universalisme français : sa limite intrinsèque dictée par la loi féodale du vainquer sur les vaincus. Sur cette phrase particulièrement maladroite, on ne peut avancer la solution naturaliste qui dit que tout cela est dégoûtant, quelle autre solution (Castel la désigne : "en raison") justifierait d'avancer et de légitimer un dégoût ? Je ne peux me référer entièrement à la morale occidentale issu de Platon et du monde grec. Mes origines, mon parcours personnel, mes options philosophiques, mes voyages, font que mes références morales vont de Platon au bouddhisme, de la civilisation celte à des références contemporaines qui ne sont manifestement pas celles des auteurs cités. Je ne me reconnais pas dans l'essentialisme, à peine lissé du vieux naturalisme platonicien et ne reconnais pas la moralité phobique de quantité de ces avis plus politiques que philosophiques.
A ma question adressée à Esprit sur les implications morales du dégoût associé ainsi au transsexualisme, on me rassure immédiatement : TOUT VA BIEN. Pour l'anecdote, il m'a été répondu "qu'il ne faut se laisser aveugler par le mot "dégoûtant" qu'il ne désigne aucunement des personnes ni des pratiques sexuelles et que l'auteur en outre ne reprend pas à son compte. Au contraire, il serait d'accord avec vous puisqu'il indique qu'il ne faut pas adopter une attitude naturaliste, c'est-à-dire qui voudrait défendre une norme tirée de la "nature", pour juger un comportement sexuel. Il est vrai que le changement de registre lexical, du philosophique au plus trivial en l'occurrence, peut surprendre et créer un malentendu. Mais n'y voyez cependant aucun encouragement à quelque persécution que ce soit." On est ici au comble de l’hypocrisie. Interroger des savoirs lorsque l’on est trans, c’est sûrement parce que l’on se sent persécuté. Une norme tirée de la nature n'existe plus depuis que l'humanité se constitue en société et en civilisation et non plus en tribus totalement dépendante de la nature. Cet argument infantilisant botte en touche. Nous n'avons pas à juger un comportement social ou sexuel s'il ne menace personne. Cette morale sexuelle érigée en scienta sexualis relève de la discrimination pure et simple. C'est ce que je disais : oyez peuple trans, tout va bien, la Rép Publique s'occupe de vos fesses.
Ce qui va suivre est précisément cet objet de luttes entre compétences et prétention de responsabilité confondant grossièrement les personnes indiquées comme du reste, les praticiens non in-formés. Une psychiatre me répond ainsi qu'elle doit enir compte du fait que ses collègues paffirment qu'acquiécer à une telle demande, c'est rentrer dans le délire et montrer le sien ou à tout le moins, valider la faillite de la raison. Remarques - Le cadre et les conditions d'aide à une personne et le mode de résolution apportée sont subordonnés à des vrais subjectifs, ininformés ; - Vieille antienne morale qui avait servi à discriminer l'homosexualité ou toutes autres "pratiques", prétenduement contraires à la morale sexuelle, ne relevant pas de la procréation. Le véritable sujet est indiqué ici : les troubles de l'identité de genre. L'on se persuade que l'identité de genre se construit sur la réalité biologique (le lien ou coïncidence sexe-genre), reconstruit conceptuellement en un "réel de l'identité". Qu'est-ce que l'on "analyse" ici ? Un raté du binarisme ? Un objet absent et donc "troublant" l'infaillibilité d'un modèle ? Ladite maladie troublante s'analyse pour l'essentiel à l'aune d'un modèle de société binaire et d'une théorie naturaliste en découlant. Je retiendrai ici une métaphysique des sciences qui tend à analyser le mythe de Frankeinstein « à la lumière du transsexualisme ». On liquide ici la révolution intellectuelle et politique beauvoirienne du devenir sans oublier la philosophie des rhizomes de Gattari et Deleuze, l'ouverture philosophique de Foucault, le constructionnisme politique de Wittig et le constructionnisme sociologique de Butler.
Au total, l'objet T se révèle le nouveau yoyo médiatique d'auteurs très intéressés par la politique.
Maud-Yeuse
Thomas
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