De l'objet T* dans son détail indexé

 

Depuis 10 ans environ, il a pris un tour particulier que l’auteur [http://pierrehenri.castel.free.fr/Articles/McCloskey.htm] résume ainsi à propos d’une personne, Dierdre Mc Closket, une économiste ayant publié une biographie, la seule source pour la quasi totalité des auteurs ayant publié. Un article au curieux titre, une épiphanie transsexuelle, accompagnant un article de la même teneur sur une autre personnalité militante de la scène queer (que Castel confond avec le groupe social des transexes), Kate Bornstein.

Traditionnellement, on hésite en psychiatrie à classer le transsexualisme entre une perversion et une psychose. On sait combien l’étiquetage pathologique de ces phénomènes est délicat : non seulement les transsexuels la récuse, mais dans bien des cas, la quasi-normalité dans le comportement, voire les performances remarquables de certains individus, discréditent la stigmatisation médicale.


Ce même diagnostic l’étiquetage pathologique délicat prétendait guérir les homosexuels par une psychothérapie comportementale : les électrochocs et les hormones. Revoir à ce sujet Family Life ou Plus près du Paradis. ou comment pathologiser une différence saine en une différence maladive. Et l’auteur de se demander ce qui différencie transvestites et transsexuel-les.

Cette théorie a d’ailleurs beaucoup de mal à postuler son inverse [reposant précisément sur l’inversion] quant aux hommes transsexes.

On a du mal à catégoriser cette maladie, cette quasi-normalité, à moins qu’il s’agisse de cette authenticité très problématique face au naturalisme binaire exhaustif. Tant que celle-ci prospérait à la marge, ou consentait à son propre silence, l’on pouvait encore s’en accommoder. Le "on hésite en psychiatrie" indique le cadre. Quels auteurs hésitent donc ? Ayant passé toute la littérature au crible, on peut classer les hésitants entre la classification essentialiste (comme indiqué dans la phrase de Castel) et la réponse constructiviste : les non hésitants, je suppose.

Le "marché des savoirs" est lui aussi entré dans sa période libérale. Les savoirs sont devenus eux-mêmes des produits sur ce marché, validant un savoir dominant, ces <on hésite en psychiatrie>, réfutant l'évolution du DSM au motif qu'il concerne la société américaine et un contexte particulier tout en arguant d'un objectivité de la recherche scientifique. Les non-hésitants, pratiquant une réponse adaptée au cas par cas n'écrivent pas de thèse. Il en découle cette illusion d'une voix unique de la psychopathologisation.

Se saisissant d’un cas particulier d’une personne vivante [D.McCloskey], il énonce :

Parler en clinicien d’un personnage vivant pose au psychanalyste des problèmes bien particuliers. On imagine mal en effet comment des mots comme psychose, ou perversion, du moins dans un certain registre, pourraient être entendus comme autre chose que des insultes, ou des erreurs médicales aux conséquences pénibles (…) Ajoutez, pour faire bonne mesure, que le dit personnage a longuement enseigné l’économie à la prestigieuse université de Chicago, qu’il est University Professor en sciences humaines (…).

Le temps des trans victimes, démunis en tout et se prostituant, justifiant d'avance un contexte pathologique est passé. D’où l’âpreté du marché. Les personnes cultivées ont les moyens de passer outre les inconséquences et irresponsabilités de ce marché des idées. Quant aux erreurs médicales ? De quoi s'agit-il? D'une trans qui serait Professor en sciences humaines? Il est entendu ici que la psychiatrisation des identités trans*, après les identités, intergenre, agenre, bisexuelle et homo* n'est pas une erreur médicale.

Le transsexualisme est donc compris comme une pure transition <vers> (homme-vers-femme, femme-vers-homme) reproduisant intégralement la binarité renaturalisée. La première génération se pliant par défaut ou omission à cette binarité naturaliste. L'autonomie de la transidentité comme concept et groupe, ainsi que la théorie queer en bouleverse aujourd'hui la donne. Le lien subjectivité/socialité est rompu dans cette autonomisation et permet une libération. Les identités transgenres gagnant ainsi toute leur autonomie vis-à-vis de la société binaire et du groupe transexe.

 

Des sexualismes en vrac

Donc, Castel ne croit pas un instant à cette solution individuelle sans référence à aucune étude longitudinale. Mais aucune solution sociale ne l'est puisque la binarité homme/femme est indiscutée. Pas de trans* dans le passé, pas d'ancêtres, pas de traditions donc… Les transgenres se demandant à juste titre s’il ne faut pas « se transsexualiser » pour pouvoir changer leurs papiers faute de résolution sociale ou administrative. C’est dire si le trans {sexualisme… agaçant ce "sexualisme"…) doit être une solution purement "individualiste" et éviter aux identités trans non-op de se lancer dans un tel trajet risqué. Mais ces derniers, non op' (traduisez non opéré) ne bénéficieront pas de papiers de l'intégration/assimilation républicaine et resteront sur le terre-plein du communautarisme des minorités visibles.

Notre époque et ces chers experts autoproclamés nous indique ici que mieux vaut encore cette solution individualiste, même à reculons et sous le seing/joug d'une psychopathologie plutôt que cette nouvelle engeance queerisée qui met en pièces la naturalité binaire. Il faut donc choisir entre opération de réassignation (si bien nommée) au risque d'une pathologisation contrôlée et estampilée psychaitrie françase ou vision queerisée, non op', d'une transgression sexopolitique. Malheureusement, certainEs choissient justement l'option assimilation pour les raisons qu'indique l'argumentaire idéologique des nouveaux praticiens de l'ère financiaromoderniste : la cohérence de société contr les noveaux barbares. Lesquels ? Le terrorisme, les pédophiles, la fuite des cerveaux, la lâcheté et la molesse de l'époque. Quel rapport avec le transsexualisme, cet objet T scientifico-médical ? Aucun.

La confusion entre socialisation et subjectivité complique encore la compréhension et permet la notion d'inversion (ah cher homosexualisme, comme tu nous manques…) s'articulant sur le lien subjectivité/socialisation.

Pour mémoire, l'homosexualité : inversion sexuelle. Le transsexualisme : inversion d'identité sexuelle. Que de sexe, que de Q. Cet outillage à prétention morale (vorie le dernier jouet politico- intellectuel occidental), l'éthique ne finit pas de condamner en culpabilisant.

On parlera donc de psychopathologie du cul, l'objet Lambda de l'assimilationnisme contre le chaos "à la lumière du transsexualisme". Bref, la subversion (consciente et poltisée ou ignorante) déplacée en direction de la tansgression rebaptisée communautarisme lorsqu'il s'agit de groupes coordonnés ou de folie/perversion lorsqu'il s'agit de personnes isolées. Ce qui répond à la question de Castel, porte-parole agrégé de la psychiatrie française. L'inversion se rapporte à une statistique référentielle de l'organisation de la société en deux sexes-genres. Bref à une version bien propre de l'hétérocentrisme familial de la RépFrançaise justifiant un emploi "raisonné" de l'outil qu'est le DSM (dictionnaire des pathologies) tout en réfutant l'évolution actuelle. La notion de 'perversion' appliquée à la différence comblera ce manque en lui donnant une portée psychanalytique, laquelle s'appuiera sur la psychiatrie classique, bras institutionnel de la liberté d'ingérer dans la vie privée et reposant sur des conceptions d'il y a un siècle. Celles-ci, indéfendables, sont masquées par cet outillage moral lapidant et liquidant la révolution de la psychanalyse, à coups de dogmes. Le tout sur l'épaule de Freud.

On prête à cet outil une volonté de guérison qu'il ne peut manifestement avoir. Il est, aux dires des professionnels, le parfait manuel d'une dérive stigmatisante et gestionnaire, et ne peut apporter une quelconque réponse. Tout au plus, est-il un outil statistique que l'Occident se renvoie à lui même et aux autres sociétés.

Pour conclure, tout ce déploiement de performances [opposée à un appareillage naturaliste], ne serait-il pas une muraille contre la folie, se demande l'auteur ? quelle folie ? Aucun mot. La validation autodéclarative de celui-qui-sait vaut pour définition. Ceci est supposé définir ce cas particulier, le transsexualisme ou cette condition [humaine ?] arrivant à certains sujets ? La redéfinition personnelle dans cette déchirure socialisation/subjectivité que le transsexualisme représenterait [plus en tant qu’extrême que paradigme] ne va pas du tout de soi, ce qui est totalement contre toutes ces thèses reposant, soit sur une transgression consciente, soit sur une pathologie au sens où l’individu n’est ni responsable ni conscient de ce qu’il fait/ce qu’il lui arrive. La raison, ce continent informé, ne peut plus servir ici de surplomb puisque celle qui est analysée l’occupe au titre de professeure d’économie, cette autre remarquable performance où l’intelligible se dispute à une analyse pointue.

Ce sujet est conceptualisé dans un renversement d’une « virilité dans leur symétrie figée à ceux de la féminité ». Figée ? L'on ne parle pas de normes de société mais de psychisme individuel plongé dans la condition humaine et des vécus. La ppulation globale, ce noyau statistique référentiel se trouve justement dans le coeur de cible ici visé : cette symétrie asymétrique des rôles et stéréotypes dans une échelle de 100% masculin ou 100% féminin. On se doute, cet objet heurte brutalement tous les conservatismes moraux et autres modèles puritains dont le coeur de cible n'est autre que le sexe, ce curieux objet désubjecivé dans la tradion politico-religieuse.

Le transsexualisme chirurgical existerait-il si le transsexualisme psychique avait sa place comme dans les sociétés ternaires ? Oui, mais sous condition d'une résolution médico-chirurgicale comme c'est le cas par exemple en Thaïlande avec les Kathoeys. Mais il y a manifestement importation du modèle occidental à l'exception de la condamnation morale et religieuse reprise ici par cette morale travestie.

En visant ici un extrême des comportements sociaux binaires ancré dans l’identité de rôle (ce figement ?), l’on soulève un lièvre. Bref, on prend à témoin une personne pour un crime inexistant : le cas Dutroux sert ici à de ratelier pour un malaise de société. Mais celui-ci n'est pas traité.

 

sexualisme-trans

 

L’on désigne des [vieux] schémas [stéréotypés] grossis pour en dénoncer ces vraies/fausses transgressions/solutions qui tapisseraient le fond du problème. Est transsexuel ici celui (celle) qui passe d’une " identité de rôle" figée à l’autre tout aussi figée… L'objet visé, ce sexualisme-trans suit cette définition. La véritable cause, liée à l'autoconstruction subjective et inconsciente de l'enfant sur le long temps de son existence échappe totalement.

Significativement, l’on dénonce la "pauvreté des symboles après la fin des idéologies" (Chiland, Mercader, Agacinski, Frignet, Czermak …). En face à face, la puissance théorique et les peines et pets victimaires rebaptisés "quête identitaire" et menaces consumériste, consommatoire ou communautarisme. Que des ennemis. La béance entre ces trois pôles consacrés individu-société-histoire, vaut pour diagnostic puisque la rupture est enlevée, consommée et revendiquée. Cela rattrapera toutes les faiblesses de la théorie quant au contexte sociopolitique. On est à cru dans le binarisme ou le vacarme de la différence des sexes dont la position transsexuelle en enjamberait d’une foulée toutes les fixations. Un peu comme ces nouveaux chômeurs cassent l'usine dans laquelle ils ont été nourris, chauffés, blanchit, payés… avant d'être jettés. Salaud de chômeurs.

Reste à analyser toutes ces salades du postmodernisme politicosexuel théorisés par certainEs. Les psychiatres patentés n'ont jamais diagnostiqué quoique ce soit et encore moins des trans primaires ou secondaires. Ils reçoivent des gens en proie à un malaise profond dans une société qui les stigmatisent et agitent un vieux modèle de deux états "de sexe" en les comparant à un état "de nature" qui ne peut exister puisque nous sommes des humains et parlons d'homme et de femme et non de mâle et de femelle. Le sujet est ailleurs.


Mauvais sujet ? Si l’on accepte ceci, qu’allons-nous donc devoir accepter ? C’est peu dire, les mauvais comptes ne font jamais des solutions. La pathologisation dans son ancrage à la société traditionnelle est la pire des solutions et, en l’état de ce constat, le droit à l’autodétermination de/à son existence (ainsi que chacun-e…) découle de ce constat, la psychothérapie devant être une aide à l’autodiagnostic.

 

Aujourd'hui, face au débat sur la normalité, c'est le transsexualisme comme fait social et groupe de personnes, qui prend sa place sous différentes formes. La première est l'assimilation-anonymat. La seconde sous la forme d'un groupe social se constituant dans un espace politicosexuel et-ou philosophique autonomes, notamment des identités trans et du queer.

L'horizon de la discrimination positive, propre aux minorités sexuelles ou ethniques, n'est pas loin faute de régulation.

 

(suite de l'article : analyse de texte)

M-Y Thomas

 


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