Stigma-queer
Nice
13/06/07
Le
Centre collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé
(CCOMS) organise ses troisièmes rencontres internationales à
Nice du 12 au 15 juin 2007, sur le thème « Stigma ! Vaincre
les discriminations en santé mentale ».
Comment
lutter contre la stigmatisation et les discriminations dans le domaine
de la santé mentale ? Pour répondre à cette question
les troisièmes rencontres du CCOMS présenteront les dernières
recherches sur la stigmatisation, des expériences innovantes
d’organisation des soins psychiatriques dans la Cité et
des actions de communication sur la santé mentale.
En France, les troubles psychiques sont fréquents et représentent
la première cause d'invalidité et la deuxième cause
d'arrêt maladie. La stigmatisation et la discrimination liées
à ces troubles retardent l’accès aux soins et perturbent
la vie quotidienne des personnes qui en souffrent.
Depuis quelques années, notre regard change peu à peu,
mais beaucoup reste encore à faire. Trop souvent, les faits divers
liés à la santé mentale relancent la dramatisation
des questions sur troubles psychiques, interrogent sur les soins et
le suivi, et renforcent l’exclusion des patients.
Lors des troisièmes rencontres du CCOMS, l’accent sera
mis sur les actions concrètes de lutte contre la stigmatisation
et les discriminations. (http://www.fhf.fr/dossiers/dossiers-fiche.php?id=2145&p=21&r=167)
En
préalable, il est à noter que nos interventions sur les
sujets du transsexualisme et de l'intersexuation se sont déroulées
à tous points de vue "en marge du colloque". Ironiquement,
le programme indiquait à la date et heure de ces interventions,
Soirée libre. L'organisation et la co-animation de ce colloque-bis
ont été effectuées par Marie-Joseph Bertini,
philosophe, maître de conférences à l'Université
de Nice Sophia Antipolis et Patrice Desmons, philosophe,
psychanalyste, CCOMS, revue Pholitique - Folie et politique (http://pholitiques.fr/).
Les résumés des interventions du colloque sont visibles
à Vaincre les discriminations n°4.
Résumé
de l’intervention de
Marie-Joseph Bertini
: Philosophie et stigmatisation : une relation éclairante
La stigmatisation n’a pas fait l’objet d’un traitement
spécifique par la philosophie. Elle n'a donné lieu à
aucun traité célèbre et s'inscrit aujourd'hui
encore davantage dans d'autres registres disciplinaires tels
que la sociologie, l'anthropologie ou l'éthique. Dès
lors les questions essentielles qui seront soulevées
dans cette intervention sont les suivantes : comment penser aujourd'hui
philosophiquement la
stigmatisation et, à quoi sert-elle ?
Résumé
de l’intervention de Patrice
Desmons:
Stig-mater, depuis Jacques Derrida
Stigmatiser signe quelque chose que le stigmatiseur ne conçoit
pas et qui fait retour sous ce geste de
stigmatisation. Stigmatiser n’est donc pas qu’un mauvais
geste qu’il faut effacer. Effacer ce geste,
c’est en un sens le renforcer. Le stigmatiser, c’est le
répéter. Sortir de cette répétition est
peut-être
possible, en inversant le stigmate en fierté. Ce geste d’inversion
n’a rien d’utopique. Il est à l’œuvre
très concrètement par exemple dans le travail philosophique
de Derrida (remettre en scène l’obscène,
ce que la philosophie forclôt de sa scène) et dans les
‘Queer studies’ et les mouvements sexuels
LGTBIQ et S.M., qui font le même geste.
j'ajouterai
ici des recommandations concluant l'intervention dans ce même
colloque de Jean-Yves GIORDANA, Psychiatre, CH Sainte Marie, Nice (France)
Recommandations
1. La lutte contre la stigmatisation doit reposer sur des objectifs
définis à partir du vécu même des
victimes de la stigmatisation et non uniquement à partir des
représentations des autres membres
de la société ou d’hypothèses théoriques.
2. La lutte contre la stigmatisation doit privilégier la multiplicité
des cibles et la diversité des modes
d’actions. Elle nécessite l’alliance de nombreux
acteurs et devrait être développée, menée
et
évaluée par toutes les parties concernées.
3. La lutte contre la stigmatisation doit tendre vers une action régulière
et continue, inscrite dans les
programmes de santé mentale.
Suite
à cette intervention et dans le souci d’une clarté
de ce texte dans un contexte somme toute éclairé par son
mode de liberté, j’ai rajouté quelques indications
et précisions donnés au cours du débat à
la suite de questions et positions. Notons d'emblée que la question
de la stigmatisation n'est pas éludée dans la cadre de
la prise en charge du transsexualisme dans les équipes hospitalières
dirigées par un psychiatre, elle n'existe tout simplement pas
puisque cette prise en charge vaut pour déstigmatisation. Fort
de cette position, les commentaires d'auteurs, rarement praticiens,
analyse une "politisation indue" des transsexuels à
la suite du mouvement homosexuel. De déplacement en déplacement,
le transsexualisme et avec lui les identités queers auraient-elles
pour heureuse place cette Soirée libre dans la société
? Si d'un point de vue politique ce n'est pas pour me déplaire,
cela est philosophiquement discutable car l'on évacue sans ciller
la question posée.
Intervention
Maud-Yeuse Thomas
Sans faire l’impasse sur le sujet de la stigmatisation-discrimination
proposé dans le cadre de ce colloque, j’ai axé mon
intervention sur le « plancher » que constitue les prépostulats
condensés dans les définitions que synthétise la
différence des sexes. En un mot, qu'est-ce qu'une femme, une
homme ? Et subrepticement, qu'est-ce qu'être queer personnellement,
politiquement et philosophiquement ? Les prépostulats sont-ils
interrogés et comment ? Quels sont les rapports entre les uns
et les autres dans cette prise en charge, comment est dit la stigmatisation
et comment est-elle régulée dans la définition
afin de réfléchir et travailler en faisant jouer les ressources
de ces souffrances en demande ? Pose-t-elle vraiment une rupture avec
les valeurs d'une société pleinement consciente ? Je me
suis donc intéressée à la question de cette définition
en centrant cette question sur le transsexualisme et son (ou ses) modes
de prise en charge et qu’est-ce qui, favorisée par cette
définition, n’est jamais pris en charge ? Cela impliquerait-il
de [devoir] changer la définition elle-même et donc les
modalités du regard, de la théorie qui sous-tend une prise
en charge psychiatrique en se délestant d’une prise en
charge sociale ? En un mot, comment une définition, abstrait
du terrain sociologique dont elle est tirée, en vient à
abstraire la personne en souffrance en un « patient pris en charge
» tout en posant un modèle d’une prise en charge
systémique ?
Pris dans la littérature, cette définition que je vais
lire donne le ton de ce sujet et son mode de traitement-régulation
des transidentités dans le domaine de la psychiatrie et se résumant
à une synthèse binaire dans le recouvrement sexe-genre.
Le
transsexualisme est la situation dans laquelle une personne a la conviction
de posséder une identité de genre opposée à
son sexe anatomique de naissance : un être humain né
homme se sent profondément femme et inversement. Cette situation,
socialement méconnue, enferme généralement l'individu
concerné dans une grande détresse morale.
Ce n’est ni un fantasme ni une forme de sexualité. Cela
ne s'apparente pas à l'homosexualité, qui est une orientation
sexuelle. C'est un trouble identitaire dont les origines, physiologiques
ou psychologiques, sont à ce jour inconnues et font toujours
l’objet de débats entre spécialistes.
Nous en sommes restés à une définition binaire
: une identité de genre opposée au sexe biologique
« de naissance ». L’homme différent fondamentalement,
constitutionnellement, anthropologiquement de la femme ou la réaffirmation
d’un postulat naturaliste et scientiste. Une formulation maintes
fois entendu et lue donne le ton : il n’existe que deux sexes
et rien d’autre. Formule profane-scientiste qui résume
le débat ou ce qui en tient lieu. La pathologie est ce «rien
d’autre » et les trans sont installés à
demeure dans ce non-espace sociologique le temps de cette prise en charge.
Resexué-es par la magie de la chirurgie, ceux-ci et celle-là,
réassigné-es selon leurs souhaits sont-il/elles dans l’espace
sociologique réduit à cette division binaire via la sexuation
? Ici, on pourrait simplement résumer par : mais après
tout, c’est ce qu’ils/elles demandaient au prix d’une
acception de la mutilation de leurs organes génitaux ? Là
encore, l’interprétation de la mutilation [des organes
génitaux] qui viendrait démontrer la mutilation mentale,
laquelle prépare cette anesthésie du corps comme l’esprit.
Anesthésie qui expliquerait somme toute cette curieuse propension
qu’ont les transsexes à ne pas souffrir d’une telle
perte ou castration… On le sait, la psychanalyse (et particulièrement
la psychanalyse lacanienne) va l’interpréter comme le symptôme
d’une psychose car la castration constitue cette perte irréparable
et irrémédiable d'un "passage à l'acte"
qui va fonder toute la clinique. Hors le sexe donc, point de salut mais
un horsexe, une affection, trouble, flou, maladie.
Dans cette définition en apparence médicale, on maintient
là la naturalisation dans un modèle de détermination
par le sexe et de secondarité du genre en s’interdisant
de penser en quoi l’identité sexuée, sexuelle et
l’identité de genre sont des constructions culturelles
au sens « total » du terme ; politiques, juridiques, éducationnelles,
esthétiques et historiques. Le déterminisme accédant
ainsi au statut de plancher venant se compléter de l’insécabilité
théorique de l’équation sexe-genre. A ce stade,
il n’est plus besoin de démontrer si le transsexualisme
est une maladie ou non, le simple rapport entre le modèle naturel
homme/femme et le transsexualisme entendu par la seule voie des interventions
chirurgicales se suffit. Je note ici ma stupéfaction quant à
l’ignorance totale des praticiens sur la question intersexe dans
le domaine de la prise en charge. Correctement assignés grâce
à la vertu de cette même assignation médicochirurgicale,
les intersexes devenus homme ou femme accèderaient-ils/elles
à la vérité essentialiste et surtout à la
normalité symbolique ?
Notons donc la disparition des intersexes transforméEs symboliquement
en homme et en femme. Cette même chirurgie décriée.
L’Occident technique n’a eu de cesse de transformer chirurgicalement
les intersexes dès lors qu’elle a eut les moyens techniques
de cette réalisation mais la dissolution des intersexes dans
la binarité précède ces opérations. Ce qui
signifie que la naturalité des identités comme fait de
nature ou comme fait conjoint nature-culture est un mythe.
Sur les éventuelles causalités. Les « troubles »
et autres « confusions » découlent, non d’une
mauvaise construction entre le sexe et le genre « en rupture »
et constituant un « horsexe », mais du fait de cette conception
essentialiste se caractérisant par cette liaison déterministe
sexe-genre. Sortons de l’hypothèse de la « rupture
sexe-genre ». Cette liaison sexe-genre est une construction socioculturelle
s’articulant sur. En un mot, nous devons ce que nous sommes via
cette articulation assignation-éducation différentielle
selon que nous soyons assigné fille ou garçon et non un
genre selon un sexe. Ce n’est pas un sexe qui définit mécaniquement
un genre mais l’assignation qui fixe cette binarisation sexe-genre.
A ce stade, on peut d’emblée définir le transsexualisme
par une identité de genre opposée au sexe social d’assignation.
Ce qui définit l’identité future d’un enfant
n’est pas son identité sexuelle (construite plus tardivement)
mais le sentiment de l’identité à soi, la conscience
que l’enfant en a et l’appartenance à une identité
sociale (homme/femme dans les sociétés binaires). Le sexe
est censé être l’invariant alors qu’il est
aisé de voir en quoi c’est l’identité de genre
qui en est l’invariant. A la naissance d’un enfant, nous
prononçons : c’est un garçon ou une fille et non
un mâle, une femelle, unE intersexe..
On a là un modèle très fort de constructivisme
médicosocial, s’appuyant sur l’existant sociohistorique
et non sur des données, études et observations scientifiques)
alors que l’Occident dit se référer à une
conception essentialiste. S’agissant des transidentités,
cette conception constructiviste est redoutée et vivement critiquée,
les trans étant accusés de profiter honteusement des moyens
techniques lié à l’Occident rationnel tout en occupant
une position d’éclairage sur notre système hiérarchique
des genres. L’Occident n’a eu de cesse d’éliminer
les individus transidentitaires, androgynes et intersexes au fur et
à mesure de son histoire (quitte à les brûler vifs
comme dans le passé) et parle de honte. On peut se demander s’il
n’y aurait là pas une analogie symbolique entre brûler
vif et l’opprobre que constitue ce curieux lien entre psychiatrisation
et culpabilisation à être différent/malades. La
hiérarchie médecin/malade se construisait-elle sur ce
socle inconscient invisible ?
A mon sens, la confusion vient de ce que nous nommons l’appartenance
sociologique par l’expression de « sexe social » alors
qu’il s’agit de genre social construisant l’appartenance
sociologique d’un individu et donc sa filiation et identification.
Seconde confusion, le repliement du genre sous le sexe considéré
comme premier et fondateur : le sexe produit le genre, d’où
ces deux expressions corrélatives de :
- coïncidence sexe-genre ;
à l’inverse on aura donc dans cette conception médicolégale
:
- un trouble ou affection ou maladie dès lors que cette construction
sexe-genre est invalidée.
L’une
et l’autre expression confirmant le statut anthropologique invariant,
premier et fondateur du récit mythique de l’ancrage de
la binarité biosociale. Pour les intersexes, c’est encore
plus compliqué, l’androgynie psychique et « l’erreur
de nature » ayant été inventée pour mieux
la dissoudre dans la domination du modèle binaire. Nous ne parvenons
pas ou difficilement à délier le sexe du genre. En clair,
comment penser un homme sans le masculin et sans l’appareil génital
mâle. De même la femme. Nous y parvenons symboliquement
de deux façons avec les intersexes en pensant une « erreur
de la nature » et en réalisant à quel point nulle
place sociale ne vient les accueillir. Tant qu’à en faire
des errants, autant les incruster dans la binarité sociale, qu’elle
soit de nature mythique et donc fantasmatique ou naturelle via le surplomb
corporel entièrement reconstituée afin d'afficher ultimement
une naturalisation. Après tout, ne se sentent-ils/elles pas des
hommes et des femmes à part entière, normales ? L'invisibilisation
est donnée par les intersexes eux/elles-mêmes.
La difficulté de penser les genres autrement qu’en termes
binaires fortement oppositionnels tient lieu de limite pensable du modèle
naturaliste/essentialiste. Bref, la pathologie n’est que l’expression
de cet impensé rejeté hors des murs de la cité
et de la symbolisation qui, du coup, vient constituer la scène
sociale. Peut-on ne pas avoir un genre et qui est t-on dans ce cas ?
La réponse « rationnelle » de l’Occident est
typiquement la pathologisation, sur le modèle profane de la non-identité,
du flou, de l’errance psychologique. Bref, l’on justifie
le tri d’une partie de la population sous des habits neufs.
Nous ne cessons de recomposer la binarité oppositionnelle sous
la forme de la différence des sexes, en parlant « d’état
intermédiaires », « d’identité entre
les deux », de « trouble », « d’affection
», de « pathologies » qui ne se vérifient pas
sauf à ne retenir que les cas les plus vulnérables venant
ultimement valider le prépostulat d’exception. Or nous
pensons qu’une personne sur 3, voire plus aujourd’hui, fait
une transition (transsexuelle ou autre) en dehors des protocoles psychiatrisables
et ne répond pas à la théorisation qui en est faite.
A la suite de ces remarques, je propose ma définition :
Le transsexualisme est la situation dans laquelle une personne (se)
vit avec une identité de genre opposée à l’assignation
d’un genre social donnée à la naissance. Cette définition
est également valable pour l’identité transgenre
et les intersexes.
Je vais revenir sur ces passages que j’ai lu au début de
mon intervention
:
[un]
trouble identitaire dont les origines, physiologiques ou psychologiques,
sont à ce jour inconnues et font toujours l’objet de
débats.
On pose préalablement un trouble qui n’existe pas pour
justifier une expertise [entre spécialistes] dont on constate
l’impasse sans jamais écouter les intéressés.
Le transsexualisme n'est pas un trouble de l'identité mais le
développement non binaire de l'enfant. Question posée
au cours du débat : mais quelles autres hypothèses viendraient-elles
expliquer le transsexualisme ? Si l’on pose ce sujet comme un
sujet inversé, l’hypothèse tombe d’elle-même.
L'inconnue du transsexualisme réside au fait de sa nouveauté
et, face à la binarité naturalisée, la radicalisation
qui a poussé à inventer une maladie qui n’existe
pas. On classifie ce que l’on l’existant sociologique a
classifié par tradition. S’il n’existe que les hommes
et les femmes, qu’il s’agit d’un fait conjoint de
nature-culture et constitue un invariant anthropologique quel que soit
la société, l’époque et les traditions, la
nature du transsexualisme est au mieux une inversion sans conséquence.
Au plus, un trouble normatif lors de l’intégration dans
la société binaire. La réponse proposée
au cours de cette intervention est significatif du cadre : on ne pas
refaire le monde. Le monde, c’est-à-dire le surplomb invariant,
symbolique de la division [naturelle, sociologique, historique, philosophique…]
constituant la différence des sexes.
Un trouble dont les origines sont inconnues. Comment sait-on
qu'il s'agit d'un trouble ? Réponses très lumineuses sous
la forme d'un refus de l'altérité, d'un comportement
anormal, d’un refus pathologique des normes, d'une
menace des fondements de la civilisation… Toutes choses
métaphysiques intégralement reportées de l'homosexualité
au transsexualisme et plus largement aux transidentités. Manifestement,
l’étayage méta de la théorie essentialiste
n’est pas constituée scientifiquement mais politiquement,
ce qui revient à évacuer sans le dire toute discrimination/stigmatisation
comme le conclut si bien la HALDE. La transphobie n'existe pas. Il faut
tout l’appareillage normatif des valeurs et codes pour maintenir
l’édifice.
Quant à l'origine inconnue de ce fait. Il s'agit du
développement sociopsychique de l'enfant quio veint évdiement
percuter l'assignation et l'éducation selon les traditions. Or
on réalise aujourd'hui (seulement ?) que ce fait existe partout
dans le monde et à toutes les époques. D’autres
sociétés incluent les identités non binaires et
ce fait régulateur permet de résoudre socialement leur
intégration indépendamment du fait médicochirurgicale
qui constituerait la modernité [au passage, curieuse réduction].
On peut se demander, toujours en marge, où sont eles identités
non binaires sur notre sol. Nous avons fait l’inverse sur un mode
d’exception contre l’intégration et nous nous retrouvons
à traiter des adultes plutôt que de réguler socialement
ces devenirs. Ce qui vient écarter ce développement non
binaire pour le rendre différencialiste en réaffirmant
le socle binaire mais sans le rendre visible, voire sans en parler,
ce qui est le statut métaphysique de la différence des
sexes. En un mot, une croyance et certainement la dernière croyance
de l’Occident plongé fantasmatiquement dans une modernité
technique, mondialisée et préoccupé ultimement
d’humanisme et d’environnement. La définition du
transsexualisme tient alors dans le statut d’exception de la définition
sociologique : l'absence de place de cette forme d’identité
dans l’existant.
Dans ce débat, on peut se poser au moins deux questions relatives
à la transidentité :
- où sont les identités trans, inter et androgyne dans
notre société ; quelle place pour cette identité,
sous quelles formes et expressions, quels genres, quelles identités
de genre, quels comportements sociaux ces personnes adoptent-elles face
à la logique d’intégration de la binarité
dominante ? quelles filiations narratives en sachant l'absence de place
dans la société ?
- la résolution actuelle du transsexualisme par les traitements
médico-chirurgicaux et la régulation juridique (changement
de sexe social et de papiers d'identité) aurait-elle toujours
lieu dans une socialité ouverte de X genres sociaux où
l’opération de conversion sexuée est une option
collective culturellement acceptée ?
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