C.Chiland ou la croisée des expertises
Nos interventions relatives à Journée d’études pour la révision du CIM vont être publiées dans le Journal psychiatrique et ce travail mené de concert entre les associations trans et le CCOM(1) ont pour projet d’être adressées au Ministère de la Santé. Le projet de la rencontre à la Sorbonne en décembre 2010 ? Une consultation regroupant professionnels et usagers dans le cadre de la prise en charge de soins avec l'enjeu de penser la stigmatisation dans ce cadre
Parmi les interventions, celle de C. Chiland qui publie un nouveau livre et se voit nommée présidente d’honneur de la Sofect. Parcourant le « siècle des génocides » et analysant le « mal absolu », du nazisme au totalitarisme soviétique, faisant un détour par Charles Quint sur la Controverse de Valladolid pour analyser l’ethnocide des peuples Amérindiens, l’auteure en vient au groupe trans et à la militance contemporaine en s’autocitant dans son intervention :
« La solution militante est que les mesures prises pour les minorités deviennent la loi générale. On peut adopter une direction différente et proposer un travail incessant d’information et de décentration culturelle. Aller à contre-courant de l’ethnocentrisme sera, certes, plus difficile que l’intoxication par des propagandes qui vont dans le sens de l’ethnocentrisme : songeons aux nazis qui ont réussi à faire adhérer presque tout un peuple à l’idéologie raciste. » (2)
Une nouvelle fois, la preuve d’un conservatisme d’un autre âge est donnée. Des pensées bannies de nombreuses universités et de nombreux laboratoires, mais qui s’exercent en toute impunité lorsqu’il s’agit du traitement du cas trans. N’y aurait-il que ces quelques « militants trans en colère » pour s’offenser contre cet inacceptable ? Il y a de quoi à ironiser à songer à cette dame âgée se faisait réconforter par des trans eux–mêmes après avoir été bousculée verbalement dans un amphithéâtre ; elle, la philosophe, praticienne « si méconnue » de ses propres mots, en charge à son corps défendant s’il fallait la croire, des problématiques si difficiles que sont les "questions trans".
Mais plus largement, ce terrain est désormais balisé : l’idéologie de la droite catholique européenne militant ouvertement contre « l’idéologie gender » qui veut « détruire le monde » est accusée de « stalinisme »(3). Ce type de dénonciation empruntant à l’analyse historique a toujours constitué le tamis analytique de ce type de savoir-pouvoir. Le renversement de normes et de pratiques ne va pas de soi au point que la « solution militante » soi lue selon ce vocabulaire très spécifique. Et l’on peut s’appuyer sur un historique des droits de l’humain, d’une philosophie universaliste soudainement revigorée de couleurs tout en balayant toute considération comprise dans les droits de l'humain et que résumait Thomas Hammerberg. Le mouvement trans déclencherait-il une remise en cause si radicale que l’on instille ici l’idée d’une "propagande", voire d’un ethnocide ? Après la Controverse de Valladolid, la controverse trans(4). Et lequel ? Le coup du nazi, associé au terme de « solution », dit l’importance décisive d’un militantisme qui crève le conservatisme de nos élites. Il y est question de propagande comme violence en soi à l’inverse de la culture qui va son chemin comme il est et comme il peut. Tout le contraire de ces « militants en colère » chamailleurs ? Comment peut-on arriver à une telle comparaison ? Défendre sa peau deviendrait-il un acte politique, voire criminel ? Le mouvement trans serait-il coupable d’un forfait à taille historique sans le savoir ? En 1992, P. Mercader avait publié un article dans le Journal des psychologues.
« On peut s’interroger sur le « droit de changer de sexe », comme manière de disposer de son corps, dans une perspective «libérale», en somme. Et à ce moment, une association m’était venue : si l’on peut parler de droit dans ce domaine, ce ne pourrait être que dans la mesure où l’on peut aussi parler de droit au suicide : on ne peut pas toujours l’empêcher, mais il vaut mieux ne pas en arriver là. » (5)
D’ordinaire dilué dans la fascination théorique, le propos est ouvertement transphobe. Le problème trans ? Il suffit de s’en débarrasser. La dénonciation fascisante à un intérêt immédiat, détourner le regard. Ces deux auteures résument discours et pratiques et surtout cette part de la stigmatisation dans le cadre dela rpise en charge en psychiatrie sociale, sans contrôle aucun et ceci au moment où la Sofect se créé, nomme C. Chiland à la place d'honneur, demande finacements et surtout l'aval de l'Etat dans une officialisation de leur travail. Un travail que personne en veut faire, lui aussi stigmatisé, nous ont affirmé sans rire Chiland et Bonierbale à la Sorbonne. Conservatisme, gardiennage des normes, carriérisme incompétent et intellectuellement immature. On peut surfer sur cette drôle de rumeur affirmant tout et son contraire. Ces discours ne constituent que le pitoyable discrédit d’une absence totale de toute pensée sur ce sujet. Plus largement, notre société moderne et mondailisée et sa monomanie d’incessantes transformations poru des repus narcissiques. C’est toute la question de cette expertise de pouvoir qui dénie au terrain une expertise de savoirs, ces « associations de patients », ses expériences et résolutions proprement humaines. Le fin mot est ici : il faut partager les savoirs, pratiques, us et résolutions en l'état de la situation. Mais fort de ce carriérisme et cette délégation étatique sans contrôle à la psychiatrie sociale, les tenants de cette pratique n’entendent pas céder sur quoi que ce soit. Le serment d’Hippocrate s’en trouve-t-il affecté ? Pas le moins du monde, Chiland se faisant ici championne toutes catégories de l’analyse de l’absolutisme historique, le regard rivé sur sa fascination pour ce minuscule groupe coincé entre discrimination et lâcheté politiques.
(1) Voir notre CR sur l’ODT, http://observatoire-des-transidentites.over-blog.com/article-journee-d-etudes-classifier-declassifier-sans-stigmatiser-troubles-du-genre-et-de-la-sexualite-65444981.html
(2)Son intervention cite ce passage de son propre livre, Chiland Colette (2007), Sois sage, ô ma douleur. Réflexions sur la condition humaine, Paris, Odile Jacob. Les caractères gras sont de l’auteure.
(3)Newletter intituée « Gender studies » : opération Sciences-Po par Elisabeth Montfort, 28 mai 2010, http://enmarchepourlavie.fr/lalliance_pour_un_nouveau_feminisme_europeen_contre_le_gender.
(4) La controverse trans, http://www.mouvements.info/La-Controverse-trans.html
(5)Changer de sexe, d'identité ? P. Mercader - Dossier, Femmes hommes Quelles identités, Le journal des psychologues - avril 1994, n°116.
(6)http://fr.wikipedia.org/wiki/Serment_d'Hippocrate_réactualisé
Karine Espineira, Maud-Yeuse
Thomas
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